Pour Kaïs Saïed, la diplomatie n’est pas la recherche du dénominateur commun permettant d’établir un dialogue ou renforcer des liens avec des Etats tiers, mais l’affirmation de principes intangibles en-deçà desquels il n’y a pas de négociation possible.
Parmi ces principes, le président de la république a cité, lors de sa rencontre, lundi 23 décembre 2024, au Palais de Carthage, le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Mohamed Ali Nafti, «la recherche de l’intérêt commun dans le cadre du respect mutuel et de la souveraineté nationale».
La diversification des relations de coopération et de partenariat au double plan bilatéral et multilatéral s’inscrit donc nécessairement, selon lui, dans cette vision d’une diplomatie tunisienne à la fois indépendante, souveraine et ouverte aux mutations rapides que connaît le monde d’aujourd’hui, mais sans céder sur les principes d’équité et de justice, fondements de toute paix possible.
Le second principe intangible sur lequel se fonde désormais la politique étrangère tunisienne, c’est le droit des peuples de disposer d’eux-mêmes. Et dans ce contexte, le président Saïed a réaffirmé, hier, «l’engagement de la Tunisie à défendre les causes de la vérité et de la justice dans le monde, dont notamment le droit du peuple palestinien à un Etat indépendant sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique avec pour capitale la ville sainte d’Al-Qods.»
Par conséquent, pas de normalisation des relations diplomatiques avec Israël ni de négociation de paix séparée avec l’Etat hébreu, comme l’ont déjà fait plusieurs Etats arabes, tant qu’un Etat indépendant n’a pas été instauré «sur l’ensemble du territoire de la Palestine historique».
La Tunisie remet donc ainsi en question l’«initiative de paix arabe» issue du sommet arabe de Beyrouth, en 2002, auquel elle avait alors souscrit. Ce plan de paix, désormais obsolète et enterré par Israël, proposait à l’Etat hébreu une paix globale et une normalisation des relations avec les pays arabes en échange du retrait des territoires occupés depuis 1967, à savoir la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Golan syrien, de la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale et d’une solution au problème des réfugiés palestiniens.
Sur un autre plan, Saïed a appelé à bien se préparer aux prochains défis bilatéraux, régionaux et internationaux afin que la diplomatie tunisienne assume comme il se doit son rôle-clé dans la défense des intérêts de la Tunisie et conforte sa contribution à l’instauration de la sécurité, de la stabilité et du développement dans le monde, a indiqué un communiqué de la présidence de la république, ajoutant que le chef de l’Etat a réitéré son appel à l’instauration d’un «nouvel ordre humanitaire» plus progressiste que l’ordre international actuel, sans donner plus de précision sur les conditions, les exigences et les éventuels acteurs d’un tel ordre. Et si la Tunisie va faire des propositions concrètes à cet effet.
I. B.
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