La Tunisie a besoin d’un coup d’accélérateur

A chaque fois qu’il rencontre le Premier ministre Kamel Maddouri, le président de la République, Kaïs Saïed, dénonce le blocage de certains projets qui traînent en longueur alors que des fonds leur ont été alloués. Où se situe le hiatus et qu’attend-on pour identifier les verrous et les faire sauter ?    

Imed Bahri

Ce reproche de la lenteur a déjà été fait aux quatre prédécesseurs de M. Maddouri au Palais de la Kasbah depuis l’accession de Saïed à la présidence fin 2019 et, à travers eux, à l’administration publique dans son ensemble dont le rythme d’exécution des tâches est trop long au goût du chef de l’Etat qui aimerait se prévaloir de quelques réalisations pour marquer son règne.

Hier, jeudi 2 janvier 2024, le président Saïed a, encore une fois, «souligné la nécessité de raccourcir les procédures pour achever les projets bloqués, car des fonds ont été alloués et les résultats ne sont pas au rendez-vous, sous prétexte de respect des procédures», indique le Palais de Carthage dans un communiqué.

Les Tunisiens s’impatientent

«Il est inacceptable qu’il faille des mois pour répondre à une lettre alors que la Tunisie est dans une course contre la montre et que chaque minute qui passe sans résultat est une perte de temps et un retard inacceptable dans la réalisations des attentes légitimes des citoyens», a déclaré le chef de l’Etat, qui ne cesse de préconiser de «nouvelles solutions qui mettront enfin un terme aux douleurs accumulées du passé», tout en espérant que «la nouvelle année ravivera l’espoir et marquera le début ferme de la transition souhaitée.»

Au-delà des mots, le malaise est perceptible, et les Tunisiens s’impatientent réellement de voir les projets annoncés à cor et à cri et les inchallahs souvent exprimés par les membres du gouvernement aboutir enfin à des réalisations concrètes qui rejaillissent positivement sur leur quotidien.

Des goulots d’étranglement

Ils aimeraient aussi voir les goulots d’étrangement, que constituent certains rouages de l’administration publique et que ne cesse de dénoncer le chef de l’Etat, sauter enfin pour accélérer le rythme de réalisation des projets annoncés.

Cette situation devient carrément surréaliste, et c’est toute une nation qui donne l’impression d’être bloquée, d’avoir perdu son élan vital et dilapidé son énergie. Il est temps de se réveiller, car le train du progrès n’attend pas les cancres et les bras cassés.  

Par ailleurs, on peut continuer à changer indéfiniment de femmes et d’hommes à la tête des institutions de l’Etat, la bureaucratie nationale, elle, a la peau dure et s’accroche à ses privilèges, ses certitudes et ses immobilismes.

Aussi, pour faire bouger le mastodonte qui dort, ne suffit-il pas de secouer le cocotier. Il va falloir aussi changer de méthodes de gouvernance : l’Etat ne peut pas tout faire, car il n’en a pas les moyens; il doit parfois, notamment dans les secteurs concurrentiels, laisser l’initiative privée se déployer avec plus de facilité et de volontarisme.

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