Le président français Emmanuel Macron a vivement dénoncé la détention de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré depuis la mi-novembre en Algérie. Macron a qualifié cette situation de «déshonorante» pour Alger, tout en appelant à la libération de cet homme âgé et gravement malade. Vidéo
Jamel Guettala
Lors d’un discours devant les ambassadeurs français, réunis lundi 6 janvier 2024 à l’Élysée, Macron a exprimé sa consternation : «L’Algérie que nous aimons tant et avec laquelle nous partageons tant d’enfants et tant d’histoires entre dans une histoire qui la déshonore, à empêcher un homme gravement malade de se soigner. Ce n’est pas à la hauteur de ce qu’elle est.»
Boualem Sansal, âgé de 75 ans et naturalisé français en 2024, est poursuivi pour «atteinte à la sûreté de l’État» en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien. Depuis la mi-décembre, il est soigné dans une unité médicale de la prison. Les autorités algériennes lui reprochent des déclarations controversées faites à un média français d’extrême droite, où il aurait soutenu la position marocaine selon laquelle l’Algérie aurait bénéficié de territoires annexés sous la colonisation française.
Une crise diplomatique aggravée
Cette affaire s’inscrit dans un contexte déjà tendu entre Paris et Alger. En juillet dernier, Macron avait reconnu officiellement le Sahara occidental comme relevant de la souveraineté marocaine, une position en opposition directe avec celle de l’Algérie, qui soutient les indépendantistes sahraouis du Front Polisario. Et qui constitue un virage dans la position de Paris concernant ce sujet de litige entre Rabat et Alger, laquelle position se caractérisait jusque-là par une certaine neutralité qui préservait ses relations avec ses deux anciennes colonies.
En réponse à l’arrestation de l’écrivain franco-algérien, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a qualifié Sansal d’«imposteur» et l’accusé d’être un «instrument de la France». Cette déclaration illustre le durcissement du régime algérien envers ses opposants et les tensions croissantes avec l’Hexagone.
Un appel à la raison
La France, tout en réaffirmant son attachement au peuple algérien, presse les autorités d’Alger de libérer Sansal pour des raisons humanitaires. Cette affaire pourrait néanmoins approfondir le fossé entre les deux pays, dont les relations restent marquées par des différends historiques et géopolitiques.
Pour l’heure, aucun signe d’apaisement n’a été enregistré, et l’état de santé de l’écrivain continue de susciter de vives inquiétudes.
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