Me El Hadj Salem parle de Ayachi Hammami visité en prison

Nous publions ci-dessous le témoignage publié par Me Essia El Hadj Salem après la visite qu’elle a rendue cette semaine à son client et collègue, l’activiste politique Me Ayachi Hammami, à la prison de Mornaguia. Le détenu est en grève de la faim depuis son arrestation le 2 décembre 2025. Il avait été accusé d’«appartenance à une organisation terroriste» et condamné en appel à une peine de 5 ans de prison dans le cadre de l’affaire de «complot contre la sûreté de l’État».

«Je viens de rendre visite à mon frère, camarade et collègue Ayachi Hammami, un combattant de toutes les générations et toutes les décennies de cette période troublée…

«Je ne rendais pas visite à un prisonnier au sens où le lieu et les procédures tentent de l’imposer, mais je rendais visite à un frère, à un homme libre par essence… un être humain qui n’a jamais accepté de s’incliner ou de se prosterner, un être humain dont l’honnêteté, l’intégrité et l’amour de la terre tunisienne sont connus de tous…

«Je l’ai retrouvé tel qu’il était toujours : de bonne humeur, souriant, avec une forte personnalité et une foi inébranlable, qui déchire presque le cœur… et une volonté de fer qui révèle tout le paradoxe de sa situation.

«Comment l’injustice peut-elle frapper un homme qui a consacré sa vie à servir la justice ? Ayachi n’est pas qu’un simple avocat ; c’est un homme qui a choisi de se tenir là où réside la vérité, là où les causes justes sont défendues avec acharnement. Ayachi a choisi d’être la voix des opprimés, des sans-voix.

«Ayachi ne s’est jamais engagé dans une bataille autrement que du côté de la vérité, de la liberté et du droit à la différence, et il n’a jamais élevé la voix autrement que pour défendre la dignité de chaque être humain…

«Sa présence en prison n’est ni normale ni acceptable ; elle constitue une plaie ouverte au cœur même de la justice. Car lorsque la prison abrite des individus comme Ayachi, elle cesse d’être un lieu de punition et devient le signe d’un dysfonctionnement. Le plus douloureux est de le voir fort, résilient et souriant, inspirant l’espoir, même dans cet endroit, malgré tout. Cette force n’est pas un signe d’acceptation, mais plutôt la marque d’un homme qui sait qu’il doit persévérer pour que les autres ne s’effondrent pas.

«J’écris ces mots sans comprendre comment ce parcours si propre peut être récompensée par la prison, et comment celui qui incarne l’âme et la conscience de la liberté peut-il être incarcéré.

«Ayachi Hammami ne mérite pas d’être emprisonné, que ce soit sur le plan moral, qu’humain ou patriotique, car les nations qui emprisonnent les hommes de justice s’affaiblissent… et parce que la justice, lorsqu’elle est retardée, se transforme en souffrance, et lorsqu’elle est assassinée, elle laisse dans les cœurs un chagrin qui ne peut être exprimé, raconté, ni jamais décrit…

«Aussi étroits que soient les murs, Ayachi Hammami sera toujours plus grand que la prison. Cet homme mérite d’être protégé, respecté et de vivre libre comme il l’a toujours été…

«Quant à nous, nous continuerons à porter ce fardeau et à en témoigner, car le silence face à une telle oppression est une trahison, et un homme qui n’a jamais été brisé par une vie de lutte ne sera pas brisé par des murs…» 

Texte traduit de l’arabe.

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