Les cinq terroristes qui se sont évadés ce mardi 31 octobre 2023, de la prison de la Mornaguia sont toujours en fuite, sachant qu’il s’agit d’éléments dangereux, membres de l’organisation terroriste Ansar Charia, dont certains impliqués dans les assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Condamnés à mort dans des affaires terroristes ces derniers étaient censés être particulièrement surveillés en prison, compte tenu du fait qu’ils aient planifié et participé à de nombreuses attaques, notamment contre les forces militaires et sécuritaires et sont considérés comme des dirigeants d’Ansar Charia.
Ameur Belazi et Ahmed Melki alias Somali sont quant à eux directement impliqués dans les assassinats des dirigeants de gauches Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi et détiennent des informations importantes, notamment sur les commanditaires de ces crimes politiques perpétrés en 2013. Ils avaient également participé à d’autres attaques dans différentes régions du pays avant leur arrestation.
Ameur Belazi qui avait passé 3 ans de prison en 2013, pour son implication dans l’affaire de la voiture piégée devant un poste sécuritaire à la Gouelette et avait été remis en liberté avant d’être à nouveau arrêté en février 2017 après l’enlèvement d’un couple par 2 takfiristes. Belazi, qui lors d’un interrogatoire, avait avoué avoir été chargé de dissimuler les armes ayant servi pour les assassinats politiques a finalement fait l’objet d’un mandat de dépôt dans cette affaire en 2018.
Quant à Raed Touati, alias Abou Al-Khattab Ettounsi, un terroriste au parcours sanglant qui a pris part à au moins 7 attaques meurtrières, il avait été piégé et arrêté en mai 2019 à Kassrine, après 5 longues années de cavale dans les montagnes situées à la frontière tuniso-algérienne.
Compte tenu de la dangerosité de ces terroristes et des informations précieuses qu’ils détiennent probablement dans différentes affaires de terrorisme, leur surveillance en prison ne pouvait qu’être renforcées. C’est pourquoi, plusieurs parties et partis politiques s’interrogent sur leur évasion, ce jour, et appelle à l’ouverture d’une enquête.
Le Watad, qui affirme que le pays vit toujours sous la menace terroriste, estime qu’il ne s’agit pas d’une simple affaire d’évasion, et pointe du doigt une éventuelle infiltration des institutions de l’Etat par des éléments terroristes, soulignant de ce fait la nécessité d’ouvrir une enquête rapide et sérieuse dans le but de révéler toute la vérité sur cette affaire et de demander des comptes à tous ceux qui pourraient avoir été impliqués dans cette opération.
Attayar, qui n’écarte pas non plus une éventuelle infiltration ayant permis aux dangereux terroristes de s’évader a évoqué pour sa part un scandale et un crime contre le pays et sa sécurité nationale, tenant les ministères de la Justice et de l’Intérieur entièrement responsables de cette opération.
L’avocate Leila Haddad membre du Comité de défense des martyrs Belaïd et Brahmi s’est dit quant à elle choquée, estimant que les terroristes en fuite sont parmi les plus dangereux en Tunisie et détenaient des informations importantes sur les affaires des assassinats politiques et étaient de ce fait supposés être surveillés de près.
Rappelons qu’Ansar Charia a été active en Tunisie de 2011 à 2015 et n’avait été classée par le gouvernement tunisien en tant qu’organisation terroriste qu’en 2013, en raison de ses liens avec les assassinats politiques de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ainsi que dans de nombreuses attaques dans différentes régions du pays.
En 2014 elle a également été intégrée à la liste des organisations et personnes considérées par l’ONU comme proches d’Al-Qaïda. eifeddine Raïes, son ancien porte-parole, longtemps en liberté, a finalement fait l’objet d’un mandat de dépôt le 22 septembre 2022 émis par le juge d’instruction du Pôle judiciaire antiterroriste de Tunis.
Impliqué notamment dans les réseaux d’envoi de Tunisiens vers les zones de conflits, son dossier a été renvoyé hier lundi 30 octobre, à la Chambre d’accusation, avec d’autres suspects notamment des dirigeants, tels Ali Larayedh (ancien ministre de l’Intérieur et ancien chef du gouvernement nahdhaoui) , Fathi Baldi, Abdelkrim Laabidi, d’après une source proche du dossier, citée Mosaïque FM
Notons que le ministère de l’Intérieur, a diffusé des photos des terroristes en fuite depuis des heures, appellent les citoyens à participer aux recherches. Ils ont mis à leur disposition les numéros suivants : 71.335.000 / 193 (garde nationale), 197 (police) et 80101111 (numéro vert). Ils peuvent aussi informer l’unité sécuritaire et militaire la plus proche.
Yûsra Nemlaghi
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