Déstabilisé par l’emprisonnement de la plupart de ses dirigeants historiques et la fuite de certains autres à l’étranger, le mouvement Ennahdha qui a gouverné la Tunisie, au sein de diverses coalitions entre 2011 et 2021, tente de redorer son blason terni par une décennie de mauvaise gouvernance et d’exister à nouveau dans une scène politique qui s’est considérablement rétrécie.
Dans ce contexte de crise larvée où ils ont le dos au mur, et alors que leurs bureaux sont fermés sur tout le territoire du pays sur ordre des autorités, les dirigeants islamistes encore en liberté s’agitent comme ils peuvent et tentent de répondre à leurs détracteurs et de démentir les accusations dont ils ne cessent de faire l’objet. C’est ainsi que Imed Khémiri, porte-parole du parti, a cru devoir tenir une conférence de presse, lundi 6 novembre 2023, pour démentir toute implication dans l’évasion, mardi dernier, 1er novembre, de cinq détenus de la prison civile de la Mornaguia. Il s’agit d’éléments terroristes de la mouvance extrémiste islamique qui ont été arrêtés ce mardi matin à Jebel Boukornine, banlieue sud de Tunis, après une cavale d’une semaine.
Khémiri a déploré ce qu’il considère comme des campagnes de dénigrement menées contre son mouvement par certains médias et laissé entendre que des poursuites en justice pourraient être lancées contre les personnes à l’origine des «fausses accusations».
Les détenus, classés terroristes par les autorités, ont été arrêtés à l’époque où Ennahdha était au pouvoir, a rappelé Khemiri, ajoutant que cette époque était marquée par de grandes réussites sécuritaires et de victoires contre le fléau terroriste dans le pays.
L’évasion de ces détenus remet en question la capacité de l’appareil sécuritaire à faire face aux menaces terroristes, a estimé Khemiri, en appelant les autorités à assumer leur pleine responsabilité pour éclairer l’opinion publique sur cette grave affaire.
«Le pouvoir en place s’attaque aux opposants du processus du 25 juillet pour détourner l’attention de l’opinion publique sur de véritables problèmes du pays», a souligné Khémiri, faisant allusion à la proclamation de l’état d’exception par le président Kaïs Saïed, le 25 juillet 2021, qui a été suivie par son accaparement de tous les pouvoirs dans le pays.
Le porte-parole d’Ennahdha estime, par ailleurs, que «le pays va dans la mauvaise direction», ajoutant que les gouvernements qui se sont succédé, depuis le 25 juillet 2021, ont échoué à apporter des solutions aux crises multiples que traverse le pays.
Tout réitérant son appel à libérer les détenus politiques, Imed Khémiri a indiqué que les procès engagés à leur encontre reposent sur des dossiers vides.
Rappelons qu’Ennahdha s’est doté d’un nouveau secrétaire général en la personne de l’un de ses dirigeants historiques, Ajmi Lourimi en l’occurrence connu pour son ouverture, sa modération et ses bonnes relations avec les autres familles politiques.
I. B.
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