Kaïs Saïed a prévenu «tous ceux qui se croient au-dessus des lois», les avertissant qu’il agira avec force pour «les frapper au plus profond d’eux-mêmes», en utilisant des métaphores guerrières. Vidéo
Le président de la république a évoqué, lors d’une rencontre, vendredi 24 novembre 2023, au palais de Carthage, avec le Premier ministre Ahmed Hachani, la ministre de la Justice Leila Jaffel et la ministre des Finances Sihem Boughdiri Nemsia, les lacunes de la loi sur la réconciliation pénale qu’il avait lui-même promulguée il y a un an et demi par décret mais qui ne semble pas avoir donné les résultats escomptés en termes de ressources financières pour l’Etat, a fait part de sa volonté de remédier à ses lacunes qui auraient permis, selon lui, à «des personnes, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’administration, qui se croient au-dessus des lois», de la prendre à la légère et de s’y soustraire.
«Cet avertissement s’adresse à tous, à ceux qui veulent fomenter la sédition dans le pays, à ceux qui veulent affamer le peuple et aux criminels détenteurs de monopoles qui pensent pouvoir encore perturber le travail de l’État», a lancé le chef de l’Etat, soulignant la nécessité pour chaque fonctionnaire d’assumer son entière responsabilité, de remplir son devoir et de ne faire preuve d’aucune indulgence envers qui que ce soit.
Le président de la république a évoqué, dans ce contexte, le cas d’une personne – qu’il n’a pas nommée – visée par le décret de réconciliation pénale, mais qui a offert une somme ne dépassant pas 30 000 dinars pour voir son dossier classé, alors qu’elle devait restituer «des milliards», c’est-à-dire des millions de dinars.
Le chef de l’Etat a souligné que ceux qui se cachent derrière une entité étrangère ou invoquent toute autre raison n’ont pas fait une réconciliation honnête et seront donc traduits en justice. «Nous n’avons aucune intention de harceler qui que ce soit, mais chacun doit se rendre compte qu’il n’est pas au-dessus des lois», a-t-il souligné, en appelant le pouvoir judiciaire à assumer son entière responsabilité. «Quiconque siège à la magistrature doit appliquer la loi de manière égale à tous», a ajouté Saïed, reprochant ainsi, clairement, à l’administration publique, y compris la justice, d’être indulgentes sinon complaisances voire complices avec ce qu’il qualifie de «corrompus», «corrupteurs», «spéculateurs», «détenteurs de monopoles» et «comploteurs contre l’Etat».
Ces accusations sont lancées dans un contexte de crise financière, de pénuries, de hausses des prix et de baisse du pouvoir d’achat, alors que les sources de financement extérieur s’assèchent. Elles traduisent aussi, ne fut-ce que par le ton menaçant et belliqueux, l’impatience du chef de l’Etat face aux difficultés qu’il trouve à solutionner tous ces problèmes.
I.B. (avec Tap).
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