Il ne se passe pas une semaine sans que le président de la république évoque le sujet de la révision des opérations de recrutements et d’intégration au sein de la fonction publique au cours des dix dernières années, sans qu’aucune avance ne soit annoncée dans ce dossier, qui semble faire, lui aussi, du surplace.
Par Latif Belhedi
En recevant, lundi 1er avril 2024, au palais de Carthage, Imed Hazgui, président du Haut comité de contrôle administratif et financier (HCCCAF) et rapporteur de la commission de pilotage des opérations d’audit des recrutements publics effectués entre le 14 janvier 2011 et le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed est revenu sur les obstacles rencontrés par cette commission lors de l’exécution de sa mission, indique un communiqué de la présidence publié à l’issue de cette réunion.
Le chef de l’Etat a réaffirmé l’importance majeure que revêt l’opération d’audit des recrutements dans la fonction et le secteur publics visant plus de 432 000 recrues, affirmant qu’on ne pourrait pas assainir le pays si le recrutement du personnel public n’obéit pas aux conditions juridiques requises.
Une administration peu coopérative
Le président Saïed a regretté le fait que de nombreuses de personnes recrutées et intégrées au sein de la fonction publique l’ont été sur des critères de favoritisme, de clientélisme et d’allégeance à telle ou telle partie, laissant au bord du chemin de nombreux candidats répondant aux critères requis.
Lors de cette réunion, le chef de l’Etat a par ailleurs critiqué le peu de réactivité affichée par l’administration vis-à-vis des demandes et des requêtes adressées par ladite commission d’audit des recrutements publics, indiquant à ce propos que le taux de réponse des différentes administrations s’élève seulement à 60%, un chiffre en-deçà des attentes.
Cette situation est inacceptable et ne peut perdurer pour longtemps, a estimé le président Saïed, en pressant les responsables à assumer leur pleine et entière responsabilité. «La réforme du processus révolutionnaire, ou plutôt le mouvement de libération nationale mis en œuvre par le peuple tunisien commande impérativement de purger les institutions de l’Etat des éléments œuvrant à les faire revenir en arrière ou à entraver délibérément le bon fonctionnement des services de l’Etat», a souligné Saïed.
A trop crier au loup…
Le chef de l’Etat laisse ainsi entendre que l’administration publique, dont il est lui-même le premier responsable, ne coopère pas suffisamment avec les opérations d’audit des recrutements en son sein, ce qui aurait nécessité des décisions fermes pour impulser la machine, et non de simples constats ou diagnostics, comme le fait souvent le président, et qui sont non suivis d’effet. Ce qui laisse un sentiment de frustration chez tous ceux qui soutiennent sa «guerre de libération nationale», mais ne comprennent pas pourquoi celle-ci n’enregistre pas d’avancées notables, alors que les difficultés auxquelles fait face actuellement le pays ne souffrent pas davantage de report, de retard et d’absence de résultats tangibles. Car, à trop crier au loup, on finit par ne plus y croire, comme dit l’adage.
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