Y a-t-il des taupes au sein des Gardiens de la révolution iraniens?

Qui a renseigné les Israéliens que Mohammed Reza Zahedi, commandant de la force Al-Qods des Gardiens de la révolution iraniens, se trouvait dans le bâtiment du Consulat iranien à Damas le lundi 1er avril 2024 ce qui a conduit au bombardement qui lui a coûté la vie? Qui a renseigné Israël sur la présence des autres cibles iraniennes tuées par l’Etat hébreu précédemment en Syrie dans des lieux précis et à un timing précis? Très probablement des taupes. Les Iraniens ont commencé le ménage au sein du corps des Gardiens de la Révolution en Syrie tout en évacuant leurs sites le temps que passe la tempête. 

Imed Bahri

Une source sécuritaire au sein des Gardiens de la révolution iraniens a déclaré au site Internet kurde  North Press: «Après le bombardement du consulat iranien, les Gardiens de la révolution ont mené des perquisitions et des campagnes d’arrestation contre des habitants de Deir ez-Zor et du district d’Al-Mayadin. Parmi eux se trouvaient des femmes accusées de diverses accusations notamment d’être en relation avec des parties étrangères. Les régions de Deir ez-Zor et ses environs ont également été le théâtre d’alertes militaires et d’examens minutieux des cartes personnelles en particulier celles des affiliés locaux aux factions pro-iraniennes.»

North Press ajoute: «Un certain nombre de membres locaux travaillant avec les Gardiens de la révolution dans la ville de Deir ez-Zor ont fait l’objet d’une enquête pour avoir divulgué des emplacements des sites des milices cependant certains d’entre eux ont ensuite été relâchés en raison du manque de preuves pour étayer l’enquête.»

Des précautions nécessaires

En parallèle, les responsables de sécurité syriens et iraniens ont révélé que les Gardiens de la révolution et le Hezbollah avaient pris des mesures d’urgence dans leurs installations à travers la Syrie après les menaces israéliennes de répondre à l’attaque iranienne survenue le samedi 13 avril 2024. Des responsables et des conseillers syriens et iraniens ont déclaré que Téhéran avait commencé à évacuer ses employés de plusieurs endroits en Syrie. Les Gardiens de la révolution et le Hezbollah ont réduit la présence d’officiers supérieurs en Syrie notant que certains d’entre eux ont évacué leurs bases dans le pays soulignant qu’il ne restait qu’un petit nombre de soldats pour défendre l’arsenal militaire. Des précautions nécessaires car Israël pourrait cibler les bases, les entrepôts et les sites du corps militaire iranien ou du Hezbollah.

Des sources locales ont indiqué que les factions affiliées aux Gardiens de la Révolution  ont également reporté un cycle de formation destiné aux nouvelles recrues de diverses régions syriennes dont la plus importante est Deir ez-Zor dans l’est de la Syrie et ce dans un état d’anticipation et d’alerte qui s’étend sur toutes les zones sous leur contrôle en Syrie en commençant près du Golan syrien occupé et dans la campagne ouest et sud-ouest de Damas jusqu’à Deir ez-Zor et sa campagne jusqu’à la frontière syro-iraquienne. 

L’Observatoire syrien des droits de l’homme a rapporté de son côté que le commandement des Gardiens de la révolution à Deir ez-Zor a accordé un congé d’une semaine à tous les dirigeants et administrateurs de tous ses locaux et sites militaires dans la ville de Deir ez-Zor et ses environs et a également accordé des congés aux responsables des centres culturels iraniens déployés à Deir ez-Zor, dans les villes d’Al-Bukamal et d’Al-Mayadin ainsi que dans la ville de Hatla, par crainte d’éventuels bombardements israéliens.

Toutes ces mesures de précaution sont expliquées par le fait qu’Israël a multiplié les attaques en Syrie où un gouvernorat comme Deir ez-Zor est un véritable bastion iranien d’autant plus que la salve de missiles et de drones envoyés sur Israël samedi 13 avril 2024 ont eu un coût très élevé pour les Israéliens et leurs protecteurs qui ont volé à leur secours. 

Une défense aérienne très coûteuse

Israël et ses alliés ont été félicités pour avoir repoussé ce qu’ils ont qualifié d’«attaque de missiles et drones sans précédent lancée par l’Iran». Cependant, l’opération qui n’a duré que quelques heures a révélé le coût énorme de la défense aérienne israélienne tout en révélant aussi que des pays comme l’Iran améliorent les capacités de leurs drones et de leurs missiles.

Reem Aminush, général de brigade et ancien conseiller financier en chef du commandant de l’armée israélienne, a déclaré que les efforts des armées d’Israël, des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et de la Jordanie coûteraient probablement environ 1,1 milliard de dollars. «C’est le coût estimé pour contrecarrer une attaque de cette ampleur», a déclaré Aminush à Bloomberg News. Aminush, qui était également membre du conseil d’administration d’Israel Aerospace Industries Corporation, l’une des plus grandes sociétés de défense d’Israël, a effectué ses calculs sur le nombre de missiles intercepteurs qu’Israël devait lancer.

Quant à Zvika Haimovitch, ancien commandant de l’armée de l’air israélienne, il a déclaré mercredi aux journalistes qu’Israël avait intercepté les deux tiers des missiles lancés par l’Iran tandis que les alliés d’Israël avaient intercepté le reste des missiles.

Ainsi l’assassinat de Mohammed Reza Zahedi a coûté plus d’un milliard de dollars à Israël et ses alliés. La réplique iranienne a eu le mérite d’apprendre à Israël que la prochaine fois avant d’éliminer une personnalité importante de l’appareil sécuritaire iranien en Syrie, il va falloir bien réfléchir avant de passer à l’acte. Les assassinats ciblés qui sont depuis toujours la spécialité israélienne aussi bien du Mossad que de Tsahal ont désormais un coût très élevé.

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