Ils «préfèrent dealer ou voler en Europe plutôt que de travailler» en Tunisie

«Beaucoup préfèrent dealer ou voler en Europe plutôt que de travailler ici», a titré le journal suisse Blick un reportage sur les jeunes Tunisiens

Le journal cite, entre autres, Anwar, 24 ans, qui dit, en désignant de sa main tendue la cinquantaine de personnes assises devant l’ancienne porte de la ville de Sfax : «Bien sûr, tout le monde veut partir, chacun d’entre nous. Il n’y a pas d’avenir pour nous en Tunisie.» «Peut-être que je trouverai une Européenne sur Internet qui voudra m’épouser», s’amuse Anwar «Sinon, je prendrai le bateau et je ferai la ‘harka’, la traversée. Même mes parents me disent: yalla, vas-y! En Europe, c’ est mieux», poursuit le jeune homme.

Wajdi, 17 ans, jeune coiffeur, veut quant à lui rejoindre la Suisse, un pays aux «belles cellules» : «Vos prisons sont si luxueuses», s’exclame-t-il en riant. «Si je ne trouve pas de travail en tant que coiffeur, ça fait rien. Chez vous, cest facile de voler et dealer», lance(t-il au journaliste.

«En 2023, 572 Tunisiens ont déposé une demande dasile en Suisse, soit 42% de plus que lannée précédente (…) Les demandes des Tunisiens nont pratiquement aucune chance daboutir. Seul 1% environ a une chance», écrit Blick, qui explique que «la situation difficile»  en Tunisie «pousse les gens à quitter en masse ce pays méditerranéen qui reste magnifique.»

Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 17 972 Tunisiens ont traversé la Méditerranée sur des bateaux de réfugiés l’année dernière. Et le journal de brosser un tableau désespérant de la Tunisie actuelle : «Peu de choses retiennent les Tunisiens dans leur pays. Ils gagnent à peine 300 francs par mois en moyenne. Plus de 40% des moins de 25 ans sont au chômage. Beaucoup de produits manquent. Le pays est régulièrement à court de sucre et de farine. L’huile d’olive est cinq fois plus chère qu’il y a peu. Même les pots-de-vin versés aux policiers sont massivement plus élevés en raison de l’inflation, se plaignent les Tunisiens. Le tourisme, dont le pays a bien vécu pendant des décennies, est à l’agonie depuis la pandémie et plusieurs attentats terroristes.»

«Mon frère veut partir, comme beaucoup de mes amis. J’essaie de les en empêcher. Ceux qui veulent réussir le font en Tunisie. Mais beaucoup préfèrent dealer ou voler en Europe plutôt que de travailler dur ici», se désole Mourad, 39 ans, qui, lui, préfère rester à Sfax : «Je tiendrai bon, al-Hamdu li-Llah», dira-t-il.

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