L’argent est le nerf de la guerre au sens propre comme au figuré, que ce soit dans les conflits armés ou dans les batailles politiques et les luttes de pouvoir qui plus est, dans un pays capitaliste où le dollar est roi et où les campagnes électorales coûtent très chères comme les États-Unis. Après sa prestation désastreuse lors du débat du mois dernier face à son adversaire Donald Trump, le président américain Joe Biden a désormais du mal à réunir des fonds pour sa campagne. Et chaque jour qui apporte son lot de gaffes liées à ses troubles neurocognitifs ne fait que compliquer la donne et lever des fonds pour Biden devient de plus en plus compliqué ce qui menace sa candidature même s’il continue à se cramponner.
Imed Bahri
L’auteur américain Harrison Kass, analyste des affaires de défense et de sécurité nationale des États-Unis, estime dans la revue américaine National Interest que les difficultés rencontrées dans la collecte des dons ne devraient pas être considérées comme une surprise car le débat de Biden a suscité une controverse sur la question de savoir s’il devrait même être le candidat du parti démocrate ce qui empêche tout enthousiasme pour la collecte de dons à sa campagne.
Kass affirme qu’à la lumière du sentiment d’instabilité entourant cette affaire, certains responsables de la collecte de fonds ont cessé de poursuivre leurs efforts. Le résultat sera la possibilité d’un manque d’argent ce qui pourrait aggraver les problèmes de Biden rendant sa réélection moins probable qu’elle ne l’est actuellement.
Un responsable de la collecte de fonds du Parti démocrate a déclaré à la chaîne de télévision américaine CNBC que les membres du parti contactés soit ne répondaient pas aux appels téléphoniques les invitant à faire des dons soit répondaient avec colère, se demandant pourquoi il était nécessaire de donner plus d’argent à Biden à la lumière de sa performance lors du débat.
La tendance du candidat est à la baisse
Kass explique que la personne qui a parlé avec CNBC est considérée comme une personne soutenant Biden avec des relations solides, est également riche et utilise ses relations personnelles pour collecter des fonds directement pour la campagne électorale. La chaîne a déclaré: «La base est qu’un tel partisan utilise son aura personnelle pour inviter des amis, des membres de sa famille, des clients et des collègues à faire des dons à un candidat qui partage ses valeurs.»
Kass souligne que tout partisan qui lève des fonds est devenu un élément important du plan financier de toute campagne politique. Les progrès réalisés par un partisan sont un véritable test de la dynamique globale de collecte de fonds d’une campagne. Essentiellement, lorsqu’un candidat connaît une tendance à la hausse, son partisan est désireux de rallier les autres autour de son candidat mais lorsque la tendance du candidat est à la baisse, la personne qui le soutient est souvent parmi les premiers à ressentir ce recul avant même que l’équipe de campagne.
Par conséquent, ce qui arrive dans le cas de Biden c’est que la dynamique est cassée entre le candidat et ses partisans qui sont les principaux bailleurs de fonds avec leurs propres dons et les dons qu’ils mobilisent. De ce fait, le problème de mobilisation devient par ricochet un problème financier et c’est la situation à laquelle est confrontée la candidature de Biden actuellement.
Kass dit que les partisans de Biden tirent la sonnette d’alarme sur le fait que la campagne du président est en difficulté et que les donateurs sont voués à cesser de donner. «Je ne collecterai plus d’argent tant que je ne serai pas sûr qu’il est le candidat», a d’ailleurs déclaré à CNBC un allié de Biden et collecteur de fonds.
Kass estime que la question de savoir si Biden continuera à concourir pour l’élection présidentielle est la principale raison pour laquelle les donateurs potentiels hésitent à faire des dons.
Un octogénaire connu pour son entêtement
Kass dit que depuis le débat au cours duquel Biden a montré qu’il n’était plus apte à exercer ses fonctions, les appels à Biden pour qu’il n’aille pas de l’avant se sont multipliés. Les citoyens et même certains membres du Congrès (bien qu’une poignée seulement) ont publiquement appelé à la démission de Biden.
Cependant, dans le même temps, de hauts responsables du parti se sont ralliés à la défense de Biden ou du moins sont restés silencieux sur la question. Le résultat est qu’il existe un certain degré de tension au sein du parti avec des désaccords sur une question fondamentale à laquelle il aurait fallu répondre depuis longtemps à ce stade du cycle de l’élection présidentielle: «Pensons-nous que notre candidat devrait être notre candidat?».
Kass affirme en définitive que même si Biden reste candidat, ce que fera probablement l’octogénaire connu pour son entêtement, ses chances de remporter l’élection contre Trump semblent minces. Les donateurs en sont conscients et ne sont pas désireux de financer un effort qui semble voué à l’échec.
Le président américain a insisté jeudi lors du sommet de l’Otan tenu à Washington sur le fait qu’il se présenterait pour un nouveau mandat présidentiel et battrait son adversaire républicain Donald Trump. Il a déclaré: «Je crois que je suis la personne la plus qualifiée pour briguer la présidence (Puis, parlant de Trump, Ndlr). Je l’ai vaincu une fois et je le battrai encore. Je ne le fais pas pour préserver mon héritage. Je fais cela pour terminer le travail que j’ai commencé.» Biden a ajouté espérant calmer les inquiétudes: «J’ai subi trois examens neurologiques intensifs et continus menés par un neurologue, dont le dernier a eu lieu en février et a montré que je suis en bon état. Je vais bien. Mes capacités neurologiques sont testées quotidiennement par les décisions que je prends chaque jour».
Sauf que lors de cette même journée, il avait commis deux gaffes qui ont eu un effet contraire. Loin d’avoir calmé les inquiétudes, elles les ont exacerbées. D’abord, il a présenté le président ukrainien Volodimir Zelensky comme Poutine et moins d’une heure plus tard, Biden a appelé sa vice-présidente Kamala Harris en l’appelant Trump.
Des personnalités politiques comme l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi l’a appelé à «prendre une décision», sous-entendant que la décision qu’il a prise à savoir rester dans la course n’était pas le bon choix.
Axios a rapporté que le chef de la majorité sénatoriale, le sénateur démocrate Chuck Schumer, avait secrètement déclaré aux donateurs qu’il était ouvert à l’idée que Biden soit remplacé. La volonté de voir un autre candidat le remplacer va au-delà du monde politique. L’acteur George Clooney, partisan de Biden, a appelé dans le New York Times le président américain à se retirer de la course à la présidentielle quelques semaines seulement après avoir participé à une campagne de levée de fonds à son profit à Los Angeles.
En dépit de tout cela, Joseph Biden s’accroche toujours à sa candidature comme une moule à un rocher sauf que le jour où il n’y aura plus d’argent pour financer sa campagne électorale son entêtement ne servira plus à rien et il sera acculé de jeter l’éponge.