C’est l’arroseur arrosé. Alors que Donald Trump a passé des mois à critiquer et même à se moquer d’une manière déplacée et vulgaire de l’âge avancé et des troubles neurocognitifs de Joe Biden, maintenant avec le retrait de ce dernier l’attention se porte désormais sur l’âge et l’état de santé du candidat républicain qui nourrissent toutes les spéculations étant donné qu’il souffre de problèmes cardiaques et d’obésité depuis sa précédente présidence mais refuse aujourd’hui de publier tout rapport médical sur son état de santé.
Imed Bahri
Il faut dire aussi que le caractère dissimulateur et menteur de Trump ne fait qu’exacerber les inquiétudes. De plus l’âge de sa nouvelle adversaire Kamala Harris, 59 ans et connue pour son énergie et son dynamisme, lui ravit définitivement le rôle du candidat en forme qu’il affichait face à Biden. Les rôles se sont inversés, c’est désormais lui, le candidat ringard qui s’accroche au pouvoir.
Le Washington Post a publié une enquête préparée par Michael Kranish dans laquelle il affirme que la santé et l’âge du candidat républicain Donald Trump sont devenus l’objet d’un examen minutieux et d’interrogations après le retrait de l’ex-candidat démocrate et président actuel Joe Biden de la course présidentielle en raison de son âge avancé (81 ans), de ses troubles neurocognitifs et par conséquent des craintes suscitées sur son incapacité à exercer les fonctions de chef d’État pour un second mandat.
Silences, cachotteries et omerta
Le journal indique que Trump, lorsqu’il était président avait publié un rapport médical dans lequel des spécialistes indiquaient qu’il souffrait de maladies cardiaques et d’obésité mais qu’en tant que candidat, il avait refusé de publier des rapports sur les résultats d’analyses sanguines, son poids et d’autres informations importantes sur sa santé.
Le Washington Post a déclaré que les semaines d’intense attention sur la santé et l’âge de Biden se sont terminées dimanche avec l’annonce de son retrait de la campagne électorale ce qui a ouvert la porte à une concentration sur Trump qui est aujourd’hui devenu le candidat le plus âgé de l’histoire des campagnes électorales américaines et c’est une personne qui n’a pas été plus transparente que son concurrent concernant son dossier médical.
Trump a maintenant 78 ans et souffre d’une maladie cardiaque chronique et d’obésité. Cependant, il n’a fourni aucune information à jour sur son état de santé ni publié les résultats des tests sanguins ou d’autres informations qui pourraient aider les experts à diagnostiquer les risques médicaux qu’il encourt. Au lieu de cela, il a publié une mystérieuse lettre de trois paragraphes écrite par son médecin personnel, Bruce E. Aronwald, qui disait en novembre dernier que l’ancien président était en excellente santé physique et mentale et déclarait dans un communiqué publié par la campagne Trump et envoyé au Washington Post: «Il n’est pas nécessaire que le président Trump publie un autre rapport médical en plus de celui qu’il a publié il y a quelque temps.» Autrement dit, circulez, il n’y a rien à voir.
Sept jours après avoir été victime d’une tentative d’assassinat, le 13 juillet, Trump a publié une lettre de son ancien médecin à la Maison Blanche et représentant républicain du Texas Ronnie Jackson dans laquelle il décrit le traitement par Trump d’une blessure de 2 centimètres de large dans son oreille droite. Il a déclaré qu’un scanner et d’autres tests avaient été effectués sur lui mais il n’a pas publié les résultats. Dans sa lettre, Jackson a déclaré que Trump avait été initialement soigné par l’équipe du Butler Memorial Hospital en Pennsylvanie. Il a vu Trump tard dans la nuit au club de golf de l’ancien président à Bedminster dans le New Jersey.
Jackson, considéré comme l’un des plus importants fidèles et partisans de Trump, a refusé de commenter. Et il n’a pas été possible pour le Washington Post de contacter l’hôpital qui a soigné Trump après sa blessure.
Jackson avait précédemment déclaré que Trump, alors qu’il était président, avait réussi un examen cognitif mais que les résultats de l’examen n’avaient pas non plus été publiés.
Trump affrontera désormais Kamala Harris, 59 ans et sans problème médical connu, à la place de Biden, 81 ans, dont le désastreux débat de juin avec Trump a conduit à la fin de sa campagne de réélection. La Maison Blanche n’a pas publié de rapports sur la santé de Harris alors qu’elle était vice-présidente et ni la Maison-Blanche ni sa campagne n’ont répondu directement aux questions du journal à savoir si elle publierait un rapport médical détaillé après avoir été sélectionnée comme candidate présidentielle contre Trump.
Trump dicte la lettre de son médecin
Le journal estime que l’âge des présidents est une question importante pour les électeurs cette année. Dans un sondage réalisé par ABC et Ipsos, organisé la semaine dernière, avant la convention républicaine à Milwaukee dans le Wisconsin, il a été constaté que 60% des Américains pensent que Trump est trop vieux pour se présenter à nouveau, dont 82% des démocrates, 65% d’indépendants et 29% de républicains.
Avant le départ de Biden, les électeurs démocrates ont exprimé leur malaise face à l’accent mis sur l’âge de Biden par rapport à celui de Trump.
La campagne Trump n’a pas répondu aux questions du journal pour commenter l’état de santé de l’ancien président et il n’y a aucune obligation pour un candidat à la présidentielle de publier des dossiers médicaux sur sa santé et le médecin ou l’autorité sanitaire n’acceptera pas de publier les dossiers sauf dans le cas où le candidat renonce au droit à la protection en vertu de la Loi sur la protection des données personnelles.
Trump a un historique mitigé en matière de publication d’informations sur la santé. En 2015, lors de sa première campagne présidentielle, il avait déclaré avoir ordonné à son médecin personnel Harold Bronstein de publier un rapport médical complet qui, promettait-il, montrerait la «perfection» de sa santé. Bronstein n’a pas publié le rapport mais une lettre de quatre paragraphes indiquait que Trump «sera l’individu le plus en bonne santé jamais élu à la présidence». Bronstein est décédé en 2021 mais il a déclaré à CNN que Trump lui avait dicté la lettre.
En 2016, Trump a publié une autre lettre de Bronstein avec plus de détails indiquant qu’il était en «excellente santé physique».
Les informations les plus détaillées ont été fournies par Jackson lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche en 2018 qui a révélé un scanner montrant un pourcentage élevé de calcium dans l’artère coronaire à 133 contre 34 en 2009. À l’époque, le correspondant médical en chef de CNN Sanjay Gupta et des experts avaient déclaré que ces éléments établissaient la souffrance de Trump d’une maladie cardiaque.
La lettre indiquait que le poids de Trump était de 239 livres ce qui le met au bord de l’obésité. Deux ans plus tard, ses médecins ont déclaré que son poids était passé à 243 livres puis à 244 livres, le rendant ainsi obèse selon les normes gouvernementales.
Le Washington Post précise que depuis que Trump a quitté la Maison Blanche, aucune information n’a été publiée sur son état de santé. Des experts avaient précédemment déclaré au journal que Trump présentait un risque génétique de démence. Et le concerné a déclaré que son père souffrait de la maladie d’Alzheimer ce qui augmente chez lui le risque de contracter le gène responsable de cette maladie.