Le sentiment est enraciné dans le cœur de la majorité des Tunisiens que l’anniversaire du 17 décembre 2010 s’est transformé au fil du temps de la déception à une crise dans laquelle l’espoir d’un avenir radieux s’est perdu malgré les difficultés et les revers que la Tunisie avait subis à cette époque.
Elyes Kasri *
Les scènes festives enflammées se sont retirées, suivies de sentiments et d’expressions de chagrin et de chagrin d’amour ressemblant à un défilé de condoléances.
Des Tunisiens, de plus en plus nombreux, perçoivent que ce qui est pompeusement qualifié en Tunisie de révolution de la liberté et de la dignité et romantiquement à l’étranger de révolution des jasmins a pris, après l’euphorie des premiers moments, l’allure d’un cauchemar et d’un mauvais sort jeté à la Tunisie et aux Tunisiens.
Comme si ce pays, jadis respecté et imité pour ses nombreux acquis, en dépit de l’effet corrosif de la corruption et du népotisme de la fin du règne de feu Ben Ali, expiait un lourd péché et éprouvait un plaisir masochiste à détruire tout ce qui en faisait un objet d’envie pour devenir un pays regardé avec incompréhension, suspicion et même une pointe de plus en plus prononcée d’indifférence et d’insignifiance.
A l’heure où de grands bouleversements géostratégiques pointent à l’horizon, la Tunisie est dans l’obligation de se ressaisir et de prendre conscience qu’elle mérite mieux et doit mieux faire.
Dans ce contexte, ceux qui ne cessent de répéter la propagande malveillante que certains colportent pour rabaisser le Maroc doivent voir sur le terrain les progrès réalisés dans l’infrastructure, l’urbanisme, l’investissement et la création d’emplois en plus des performances du secteur touristique de ce pays qui innove et progresse à un rythme rapide. Ceci sans compter les succès engrangés sur la scène internationale par la diplomatie marocaine.
En plus de l’amélioration des salaires de la fonction publique, la dernière réforme que le parlement et le gouvernement tunisiens refusent obstinément avec un acharnement singulier consiste en la décision du gouvernement marocain d’alléger progressivement l’imposition des pensions de retraite des fonctionnaires pour atteindre une exemption totale en 2026.
Il fut un temps ou les responsables marocains venaient dans notre pays pour s’informer sur l’expérience tunisienne. Il semble que le temps soit venu pour que les responsables tunisiens se rendent plus fréquemment au Maroc, en espérant qu’ils pourront s’en inspirer pour aider la Tunisie à retrouver la voie de la croissance.
Le temps presse car l’écart se creuse dangereusement.
* Ancien ambassadeur.
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