Les enfants de Gaza vivent l’enfer depuis le 7 octobre 2023. Beaucoup sont morts, beaucoup sont amputés, beaucoup sont orphelins et tous souffrent de faim mais également de graves troubles psychologiques qui risquent de les traumatiser à vie. Le génocide que perpètre Israël à Gaza n’a pas uniquement broyé des vies humaines mais il a aussi détruit psychologiquement les Gazaouis et en premier lieu desquels les enfants.
Imed Bahri
«Les enfants de Gaza souffrent de nombreux symptômes qui indiquent des troubles psychologiques tels que le fait de s’accrocher à leurs parents et de refuser de rester loin d’eux, une anxiété et une peur intenses et une miction involontaire. Ils refusent également de participer à des activités, ne peuvent pas dormir et ont des difficultés à manger.»
C’est par ces mots qu’a commencé un article du journal britannique The Guardian, qui explique les effets psychologiques de la guerre sur les enfants de la bande de Gaza, en s’appuyant sur ce que rapportaient les travailleurs de la fondation caritative War Child qui travaille à fournir des services pour améliorer la santé mentale et l’éducation pour 180 000 enfants dans la bande de Gaza.
Le Guardian a cité Ibrahim, un agent de protection d’urgence, disant: «Les enfants ont perdu leur capacité de parler et ne peuvent plus communiquer avec les membres de leur famille en raison d’un choc sévère. Certains d’entre eux souffrent d’une colère extrême et leur comportement est devenu défensif et agressifs et certains ont développé des troubles de la parole y compris le bégaiement.»
Selon cette enquête préparée par la journaliste Caroline Davies, les bénévoles s’occupent quotidiennement des enfants qui présentent ces symptômes lorsqu’ils travaillent dans le secteur et l’organisation caritative fournit généralement des premiers soins psychologiques d’urgence sous de nombreuses formes notamment en rassemblant les enfants dans des camps avec un entraîneur pour jouer, dessiner et chanter pour évacuer le stress et mettre en place des lieux d’enseignement temporaires et équipés quelles que soient les fournitures scolaires disponibles.
La Fondation organise également des séances destinées aux parents pour leur expliquer comment soutenir leurs enfants tandis que les enfants souffrant de traumatismes psychologiques complexes sont orientés vers des experts spécialisés.
L’organisation s’efforce également de répondre aux besoins de base autant que possible reconnaissant que «vous ne pouvez pas fournir un soutien psychologique à un enfant affamé ni une éducation à un enfant ayant froid», explique Mohamed, responsable des interventions d’urgence. L’organisation fournit des aides y compris de la nourriture, de l’eau potable, un abri, des couvertures, fournitures d’hygiène et pour les règles menstruelles.
Mohamed a parlé d’un garçon souffrant d’un choc grave et recevant des conseils individuels dans le coin d’un refuge bondé abritant 3 000 personnes: «Il ne peut communiquer que par le dessin. Il est en fait devenu muet et n’a plus la capacité de parler à cause de la terreur qui s’est abattue sur lui à cause de la guerre. Il n’a que six ans. C’est très difficile pour quiconque d’imaginer cela.»
Le Guardian indique que des enfants avaient perdu leur père et leur mère à la suite des bombardements israéliens et que certains d’entre eux avaient été grièvement blessés entraînant l’amputation de leurs membres.
Selon l’Unicef, il y a aujourd’hui 17 000 enfants non accompagnés, vulnérables à d’innombrables menaces notamment à la violence physique et à l’exploitation.
Ibrahim a déclaré: «ll ne se passe pas un jour sans que je rencontre un ou deux enfants orphelins et séparés de leur famille. Récemment, nous avons trouvé trois enfants dans la rue à une heure du matin pendant la guerre alors qu’ils étaient entourés du danger. Le plus âgé d’entre eux avait 10 ans et le plus jeune était une fillette de 6 ans handicapée. La recherche de leurs familles est toujours en cours et il existe de nombreux cas similaires.»
Nidaa, une assistante technique d’urgence qui travaille quotidiennement avec des femmes et des enfants, affirme: «Sans le soutien que nous apportons – en particulier les services psychologiques pour les femmes et les enfants – beaucoup de personnes que j’ai rencontrées deviendraient vraiment folles.»
Elle a souligné que les femmes subissent le plus gros de la guerre car elles essaient parfois de s’occuper de leurs enfants et de faire face aux nécessités de la vie à d’autres moments notamment en cuisinant des aliments rares sur du bois de chauffage.
S’appuyant sur des entretiens vidéo qu’elle a menés avec des volontaires à Gaza, la journaliste du Guardian a estimé que les risques personnels encourus par les membres de l’organisation sont énormes surtout après que d’autres travailleurs d’organisations non gouvernementales ont été tués à la suite des attaques israéliennes. Les volontaires ont déclaré au journal qu’ils avaient été déplacés entre 10 et 12 fois et qu’ils avaient tous perdu au moins un être cher.
Mohamed qui souffre d’une blessure a déclaré qu’il avait perdu environ 100 parents et amis et que ses cousins, oncles et tantes étaient toujours sous les décombres un an plus tard. Son collègue Ibrahim a conclu en disant: «Ce que les gens n’apprécient pas, c’est que je me sens anxieux toute la journée car ma famille peut être bombardée à tout moment chez moi pendant que je suis au travail».
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