Le président Saïed semble déterminé à aller jusqu’au bout dans la mise en œuvre de ses politiques sociales, qui ont, on l’imagine, un surcoût financier. Reste que le gouvernement ne nous explique pas où il va chercher les fonds que la mise en œuvre de ces politiques va exiger, sachant que les finances publiques se portent plutôt mal.
«Chaque goutte de sueur essuyée doit avoir une contrepartie à travers un salaire juste et équitable», a déclaré Kaïes Saïed, en soulignant qu’il ne peut y avoir de stabilité sociale sans l’instauration des valeurs de justice et d’équité.
«Tout comme le propriétaire d’une entreprise privée est en quête de stabilité, le travailleur, lui aussi, a le plein droit à bénéficier d’une situation stable dans le respect de sa dignité et droits», a ajouté le président de la république, qui s’adressait au chef du gouvernement, Kamel Maddouri et au ministre des Affaires sociales, Issam Lahmar, qu’il a reçus, vendredi 10 janvier 2025, au Palais de Carthage, pour les appeler à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à la sous-traitance, ce mode de travail précaire dans les secteurs privé et public, à préserver les droits des travailleurs et à sanctionner toute violation de leurs droits.
Dans ce contexte, le chef de l’Etat a appelé à ce que «les nouvelles législations soient en phase avec les attentes du peuple tunisien et qu’elles rompent avec les solutions en demi-teinte», selon ses propos rapportés par un communiqué du Palais de Carthage.
Pour Saïed, il s’agirait d’une «révolution législative [qui] suppose nécessairement de faire table rase des législations devenues obsolètes et qui ne sont plus légitimes, notamment dans les domaines économique et social».
On regrettera cependant l’absence à cette réunion de la ministre des Finances, la première concernée par l’application de ce type de décisions «révolutionnaires» qui ont un lourd impact sur des finances publiques en crise. N’est-ce pas elle qui devra trouver les fonds nécessaires pour concrétiser les décisions à caractère social du président de la république? On aimerait d’ailleurs l’entendre nous expliquer comment elle va financer la décision prise il y a deux jours d’intégrer plus de 10 000 enseignants contractuels dans la fonction publique. Car ces fonds n’ont pas été prévus, en tout cas à notre connaissance, dans la loi de finances pour l’exercice 2025. L’Etat tunisien va-t-il solliciter, à cet effet, un nouveau prêt et auprès de qui ? Mme Sihem Boughdiri ne peut pas garder longtemps le silence à ce propos.
I. B.
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