Gaza, la fierté des Palestiniens et des Arabes

Le 30 janvier 2025 et après 471 jours de massacres et d’extermination du peuple palestinien à Gaza, les leaders de la résistance palestinienne nous ont rendu une copie parfaite avec leur démonstration de force contre l’occupant israélien.

Docteur Moez  Ben Abdelkader *

La libération de la prisonnière de guerre Berger sur l’esplanade Razane du camp de Jabalia au nord de Gaza est une gifle victorieuse sur le visage des criminels de guerre israéliens. Cette esplanade, théâtre de combats acharnés contre l’armée coloniale terroriste, porte une symbolique puissante. Sur un podium décoré aux couleurs de la Palestine et avec une banderole écrite en hébreu «Jabalia est le cimetière de Givati», la prisonnière de guerre, membre d’une armée israélienne criminelle et sans morale, a été présentée à la foule palestinienne, badge autour du cou et acte de libération en main. Les  combattants de la résistance l’ont délivrée saine et sauve et en excellente santé aux membres de la Croix rouge.

Plus tard dans la journée, dans la ville martyrisée de Khan Younis, a eu lieu la libération de 2 autres prisonniers de guerre sur les décombres de la maison du leader palestinien et chef du Hamas Feu Yahia Sinwar. La libération s’est déroulée sous les yeux fiers d’une foule de milliers de Palestiniens, hommes, femmes et enfants, venus  célébrer ce premier événement dans le sud de la bande de Gaza. Encore une gifle sur le visage de tous ceux qui ont soutenu les criminels de guerre de l’entité sioniste et tous ceux qui l’ont servie et défendue 15 mois durant.

En regardant ces images transmises en direct, un sentiment de joie et de fierté indicibles doit traverser tout homme libre sur cette terre.

110 otages palestiniens parmi eux 30 enfants retenus dans les geôles de l’entité sioniste, torturés et affamés pendant des années, seront libérés dans la  foulée.

Le génocide le plus meurtrier de l’histoire contemporaine

Le 19 janvier 2025, date du cessez-le-feu et du début du retrait des forces coloniales criminelles de la bande de Gaza, est une date historique qui sonne la fin du génocide le plus meurtrier de l’histoire contemporaine.

Le bilan humain est lourd et grave. En effet le journal scientifique The Lancet  fait état de 64 260 morts au moins (décès directs) et de 186 000 morts au moins (décès directs et indirects).

Avec ces chiffres il s’agit du taux de morts quotidien le plus élevé de tous les conflits majeurs du XXIe siècle d’après Oxfam.

Le 8 décembre dernier, l’Onu a estimé que 1,9 million de personnes ont été déplacées, contraintes sous les bombes de quitter leurs maisons dans la bande de Gaza, soit 85% de la population.

Selon la plateforme Forbidden Stories (Réseau international de journalistes), 108 journalistes – pour la plupart gazaouis, puisque les journalistes étrangers sont interdits par le gouvernement israélien – sont tués par des actions directes de l’armée israélienne.

Cette armée coloniale a dans son délire sanguinaire détruit de façon méthodique toute l’infrastructure de la bande de Gaza. Les réseaux d’eau, d’électricité et de télécommunications, les routes, les bâtiments publics, les banques, les écoles, les hôpitaux… ont été détruits.

L’Onu estime que 69% des bâtiments et des habitations sont détruits  laissant 1,8 million de Palestiniens vivants à Gaza sans toit. Mais aussi  et d’après les rapports du gouvernement palestinien à Gaza, 136 écoles et universités, 823 mosquées, 3 églises ont été pulvérisées par les bombes israéliennes.

Ces mêmes rapports font état de 19 hôpitaux totalement détruits. Al Shifa Hospital, le plus grand centre hospitalier de Gaza, est devenu un tas de gravats. Kamal Adwan Hospital, symbole de la résistance du nord de Gaza, a été brûlé et saccagé. Son directeur, docteur Hussam Abou Safiya, est toujours otage de ces criminels de guerre depuis le 27  décembre 2024.  17 autres hôpitaux et unités de soins continuent de fonctionner de façon partielle.

Cependant, les images du retour de dizaines de milliers de déplacés palestiniens vers le nord de Gaza après le retrait des forces militaires de l’occupation sioniste du couloir de Netzarim sont sans équivoque. Malgré toute la destruction et la désolation, les Palestiniens ont décidé de reprendre leur terre refusant une 2e nakba.

D’après l’Onu, 376 000 Palestiniens ont rejoint le nord de la bande de Gaza dans les 3 premiers jours de la chute du couloir de Netzarim. Ces images fortes en symboliques ont détruit les derniers fantasmes sionistes d’une victoire écrasante annoncée par Netanyahu et ses acolytes.

L’idée fantasmatique de l’extrême droite fasciste de reconstruire la colonie de Netzarim et bien d’autres nouvelles colonies au nord de la bande de gaza s’est brutalement évaporée à la vue de ces flots humains qui par leur bravoure et leur ténacité ont choisi de reprendre possession de leur terre sacrée.

Les Gazaouis brisent ainsi l’idée reçue depuis 1948 et alimentée par la propagande sioniste que les Palestiniens ont délibérément abandonné leurs  terres et leurs biens.

Le monde occidental déshabillé de ses valeurs

Durant 15 mois, un génocide et un nettoyage ethnique ont été filmés et diffusés en direct par ses victimes palestiniennes. Durant 15 mois, la résistance légendaire des Palestiniens face à la puissance de feu meurtrière sioniste ravitaillée en permanence par les Etats-Unis et l’Union européenne, a pu montrer le chemin de la liberté au monde entier et spécialement au peuple arabe et à ses dirigeants qui semblent  hiberner paisiblement.

La résistance héroïque palestinienne a déshabillé le monde occidental de ses valeurs ou plutôt des valeurs qu’il prétend défendre à savoir les droits de l’Homme, les droits des enfants, le respect de la vie humaine, l’immunité des hôpitaux et des lieux de culte, la protection des camps de refugiés, le respect d’une presse libre, et la liste est tellement longue qu’il faudrait une autre tribune rien pour les énumérer.

Cette guerre barbare contre un peuple assiégé et spolié froidement depuis 76 ans a démasqué les donneurs de leçons occidentaux qui se sont rangés du côté de l’agresseur sans se soucier de la barbarie sanguinaire dont il fait preuve ni de la disproportion de la force et de la puissance de feu.

Les hommes politiques occidentaux ont excellé dans leur soutien inconditionnel à cet agresseur. Et ce n’est pas par hasard que l’extrême droite fasciste prenne de façon décomplexée de plus en plus d’espace et de place dans le paysage politique mais aussi médiatique des pays européens qui se vantent de leur démocratie.

Après 471 jours de tueries où plus de 20 000 enfants ont été assassinés, la résistance palestinienne va peut-être sonner le glas de la léthargie du monde arabe – dirigeants et peuples – pour que la cause palestinienne puisse reprendre une place primordiale dans les débats  politiques, dans l’enseignement et l’éducation, et dans la vie quotidienne du citoyen arabe.

Avec cette guerre génocidaire, l’entité sioniste s’est débarrassée sans gêne de ses artifices enjoliveurs pour assumer sa véritable identité coloniale sanguinaire.  La résistance légendaire de la population et des combattants palestiniens pousserait-elle le monde arabe  à se débarrasser sans gêne de ses œillères et ses chaines pour assumer son union et sa détermination et affirmer une position ferme et intransigeante en faveur de la lutte du peuple palestinien et son droit légitime à la liberté et à l’établissement d’un Etat indépendant sur toute sa terre avec Al Quds comme capitale?

* Médecin.

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