Un débat houleux a lieu au sein du mouvement Ennahdha au sujet du projet de loi de réconciliation économique et financière.
Par Nabil Ben Ameur
Deux camps s’affrontent au sujet de ce texte de loi présenté par la présidence de la république.
Le premier, conduit par Rached Ghannouchi, président du parti islamiste, et dont font partie certains membres de la direction – dont en particulier Lotfi Zitoun, Rafik Abdessalem et Noureddine Bhiri – soutient l’initiative, tout en prônant un amendement du projet de loi qui sera examiné par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Le second – qui regroupe pour l’essentiel des cadres de deuxième rang et une bonne partie de la base – y serait franchement et totalement hostile et guère disposé à accepter le projet de loi, même après amendement.
Ce camp évoque deux raisons au moins à l’appui de son rejet de ce projet de loi.
La première est que cette initiative ne renflouera pas les caisses de l’Etat, comme l’affirment la présidence et ses alliés dans cette bataille. C’est du moins la conclusion à laquelle a abouti un panel d’économistes membres ou proches d’Ennahdha. Parmi ces derniers figureraient, en effet, l’économiste Ali Chebbi et Ridha Saïdi, ancien ministre en charges des Affaires économiques dans les gouvernements Hamadi Jebali et Ali Larayedh, qui estiment à un maximum de quelques dizaines de millions de dinars l’impact économique de l’initiative de réconciliation économique et financière.
Ensuite, les opposants à cette initiative craignent qu’en acceptant ce qu’ils considèrent comme une atteinte à une institution constitutionnelle, l’Instance vérité et Justice (IVD) en l’occurrence, chargé de la justice transitionnelle, ils encourageraient le camp de la «contre-révolution» à continuer à détricoter toutes les institutions issues de la révolution et la symbolisant.
Ce débat ne devrait cependant pas influer sur le vote de ce projet de loi à l’Assemblée, les islamistes ayant toujours fait preuve de discipline partisane et voté massivement comme le leur demandait leur chef historique. Pour ne pas afficher leurs divergences et leurs divisions, qui doivent rester en interne.
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