Lamel Debbouze / Nidhal Saadi.
La soirée du lundi 16 juillet 2018, au Théâtre romain de Carthage, était placée sous le signe de l’humour et des fous rires avec l’humoriste franco-marocain Jamel Debbouze, venu présenter son tout nouveau one-man-show ‘‘Maintenant ou Jamel’’.
Par Fawz Ben Ali
La vedette de l’humour francophone était très attendu à Carthage, lui qui n’avait pas produit de nouveaux spectacles depuis ‘‘Tout sur Jamel’’ datant de 2011. Six années pendant lesquelles il a préféré se concentrer sur ses deux énormes projets : l’émission ‘‘Jamel Comedy Club’’ et le festival ‘‘Marrakech du rire’’.
Avec ‘‘Maintenant ou Jamel’’, le plus populaire des humoristes marque son grand retour sur les planches avec une tournée mondiale surchargée où s’inscrit ce rendez-vous avec le public tunisien dans le cadre de la 54e édition du Festival international de Carthage, qui a affiché ce soir-là complet.
Un spectacle tant attendu
L’attente était plutôt longue pour le public qui s’était bien installé dès 21h, alors que Debbouze n’est finalement monté sur scène qu’à environ 23h précédé d’un numéro d’illusionniste puis du jeune acteur et humoriste tunisien Nidhal Saadi, connu surtout pour son rôle dans le feuilleton ramadanesque ‘‘Awled Moufida’’, mais qui commence aussi à se faire un nom en France grâce à ‘‘Jamel Comedy Club’’ et à ‘‘On n’demande qu’à en rire’’ sur France 2.
«Il y a 6 ans, j’étais ici parmi le public pour voir le spectacle de Jamel Debbouze, et aujourd’hui je suis là à faire sa première partie!», confie Nidhal Saadi qui était ému de réaliser ce rêve et de se produire devant un aussi grand théâtre, cédant la place à la vedette de la soirée Jamel Debbouze qui a été accueilli avec toute la chaleur qu’on connaît du public tunisien avec lequel il partage ses origines maghrébines et sa francophonie.
Tchatcheur et très proche de ses spectateurs comme toujours, il a de suite commencé à taquiner ceux qui avaient la chance d’être aux premières places, «victimes» de ses premières blagues improvisées. Debbouze a personnalisé certains passages de son spectacle qui cartonne en ce moment en France pour mieux l’adapter à l’actualité tunisienne. «Je me rappelle quand je venais faire mes spectacles à l’ère de Ben Ali, on me prévenait que je pouvais parler de tout sauf du président», se remémore-t-il, félicitant les Tunisiens de pouvoir enfin s’exprimer librement.
«Bravo à cette jeunesse qui a mené la révolution, mais pourquoi élire un président de 92 ans? Soyez sûrs, il se représentera aux prochaines élections sous un autre nom, celui de ‘‘Hafedh’’!», ironise-t-il, par allusion à Hafedh Caïd Essebsi, directeur exécutif de Nidaa Tounes.
Dédramatiser et rire de tout
‘‘Maintenant ou Jamel’’ est un spectacle où on parle de tout et de rien, notamment des sujets fétiches de l’humoriste qu’il a l’habitude de traiter dans quasiment tous ses spectacles comme la politique française, l’immigration, le racisme, son rapport à son pays d’origine le Maroc…
Pour ce nouveau spectacle, il a pris son temps pour développer tous ces sujets d’une nouvelle manière, surtout qu’en l’espace de ces six dernières années, il s’est passé tellement de choses en France et dans le monde qui l’ont fortement inspiré : l’élection de Donald Trump, l’âge du nouveau président français Emmanuel Macron… «Il est plus jeune que moi ! 39 ans c’est pas un âge présidentiel ça!», lance-t-il, en ironisant sur l’âge très avancé du président tunisien.
Debbouze ne pouvait évidemment pas ne pas évoquer la Coupe du monde et la victoire des Bleus la veille de son spectacle, un moment où le racisme a laissé sa place à l’amour, la joie et la tolérance, dit-il, tout en se remémorant le malaise ressenti par les musulmans de France suite aux attentats de Paris en 2015, et surtout lorsqu’on leur a demandé de se désolidariser avec les terroristes, comme s’ils étaient liés à eux.
Jamel Debbouze a aussi consacré une partie de son spectacle à sa vie privée et à la petite famille qu’il a fondée avec la journaliste Mélissa Theuriau avec qui il a deux petits enfants. Ces derniers, dit-il, profitent d’une vie de luxe dont il n’aurait pas rêvé, lui qui avait vécu une enfance difficile mais qu’il évoque toujours avec beaucoup de nostalgie et d’autodérision.
Le public de Carthage s’est ravitaillé avec une bonne dose de rire et d’humour bon enfant durant une heure et demie en compagnie de Jamel Debbouze qu’on avait connu il y a 20 ans dans la série télévisée ‘‘H’’ et qui a su depuis garder cette image de personnage attachant au grand charisme.
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