Encore une fois, la sélection tunisienne s’est montrée incapable de s’imposer face à une grosse nation africaine. L’efficacité devant les buts adverses reste toujours le gros problème à régler.
Par Hassen Mzoughi
L’équipe de Tunisie, comme d’ailleurs son vis-à-vis camerounais, n’a vraiment pas affiché l’inspiration, la lucidité et le réalisme souhaités, en match amical hier soir, samedi 12 octobre 2019, au stade de Radès.
L’affiche laissait penser que le spectacle sera garanti. Au finish, rien de spectaculaire entre les deux équipes, avec notamment un beau gâchis de la part des Tunisiens qui n’avaient pas exploité une longue distraction des Camerounais en seconde mi-temps.
Les Tunisiens n’ont pas fait mieux qu’un nul vierge, pour leur second match avec un autre grand d’Afrique, après la Côte d’Ivoire (1-2).
Changements tardifs
Dominateurs en deuxième période, après avoir connu des frayeurs en première mi-temps, au point de voir des Camerounais dangereux en trois occasions (15’, 25’ et 34’), les Tunisiens auraient pu l’emporter si Taha Yassine Khenissi n’avait pas gâché un penalty en tirant sur la transversale (58’), puis quatre minutes après une seconde situation favorable; ou si encore Naim Sliti n’avait pas dévissé son tir (67’). L’attaquant d’Al Ettifaq, par ailleurs trop individualiste dans le jeu, exprime un état d’esprit.
Quelques joueurs sont légèrement «motivés» quand il s’agit de matches «non officiels». Encore que le sélectionneur de l’équipe de Tunisie, Mondher Kebaier, n’a pas remédié à la situation en opérant des changements top tardifs : un premier à 14 minutes de la fin du match (Khenissi remplacé par Omar Layouni), suivi de deux autres : Bassem Srarfi et Hamza Rafia, succédant respectivement à Seifedine Khaoui à la 77e et Naim Sliti à la 89e. Si c’est pour booster le jeu offensif, c’est raté !
Encore une fois, la sélection tunisienne s’est montrée incapable de s’’imposer face à une grosse nation africaine. Certes il y a un léger mieux par rapport au match amical contre les Ivoiriens, avec un milieu de terrain retrouvé et une défense efficace, mais la concrétisation reste toujours le gros problème à régler.
Depuis juin dernier, en 11 matches dont 8 officiels, la Tunisie a totalisé 9 buts pour (moins d’un but par match en moyenne). Lors des 4 derniers matches sous la direction de Mondher Kebaier, l’équipe de Tunisie a marqué 3 buts, soit une moyenne de moins d’un but par match.
Khaoui ne joue pas à Marseille, titulaire contre la Cameroun !
Le problème est avant tout d’ordre technique. On n’a pas les meilleurs joueurs offensifs, ayant beaucoup de matches dans les jambes et capables de tuer un match. La quasi-majorité des attaquants de la sélection jouent peu ou pas du tout avec leur club. Exemple : Seifeddine Khaoui cire le banc à Marseille mais il est titularisé hier ailier droit. Résultat il abandonne souvent l’aile pour venir s’installer au milieu de terrain, sa zone de jeu habituelle. En retrait depuis la saison dernière, Khenissi prend plus le banc cette saison à l’Espérance sportive de Tunis. Sliti ne joue plus en France et cela se répercute sur son rendement.
Et qu’on n’évoque pas les absences de Wahbi Khazri ou Youssef Msakni pour justifier ce problème technique. On l’a vu, ces deux joueurs étaient transparents en Coupe du monde et en CAN.
Ensuite le problème de l’attaque est une affaire de système. Kebaier n’est pas différent de ses prédécesseurs qui se soucient principalement de sécurité défensive. Enfin, le jeu offensif est avant tout une approche collective. Il commence à partir de la défense avec une relance précise et une remontée rapide pour notamment chercher l’effet de surprise. L’équipe de Tunisie n’a pas ce topo. Incapable de construire à partir de la défense, elle préfère le jeu long et les balles balancées devant qui font l’affaire des défenses adverses.
Ce match devant le Cameroun, que la Tunisie n’avait pas battu depuis 2003, est le dernier test avant d’entamer les éliminatoires de la CAN 2021 en novembre prochain face à la Libye. Mondher Kebaier devra d’abord trancher entre les joueurs motivés et les autres qui «calculent» parce qu’ils croient être des inamovibles. Le choix est pourtant facile. En procédant à des remaniements, quitte à bouger «l’establishment» !!
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