Les relations entre le chef du gouvernement sortant, Youssef Chahed, et le nouveau président de la république, Kaïs Saïed, semblent excellentes. Elles sont, en tout cas, meilleures – et le mot est faible – que celles qu’il avait avec feu Béji Caïd Essebsi. Difficile de penser qu’elles pourraient être circonstancielles ou éphémères.
Par Marwan Chahla
En moins d’une semaine, le chef du gouvernement Youssef Chahed s’est rendu en visites officielles en Algérie, où il a été reçu par le président Abdelkader Bensalah, et en France, où il a rencontré le Premier ministre Edouard Philippe et le président de la République Emmanuel Macron. Il effectuera, également, à partir d’aujourd’hui, une visite en Italie où il remettra un message écrit au président italien Sergio Mattarella, avant de participer au Forum de Paris sur la paix… Et tout cela à la demande du nouveau président de la République, Kaïs Saïed.
Pareille activité diplomatique intense de M. Chahed et ses déplacements à l’étranger qui lui ont permis, coup sur coup, de rencontrer les chefs d’Etat et de gouvernement des pays les plus proches de la Tunisie, ne pouvaient pas passer inaperçus.
Intérim de circonstance ou mission provisoire appelée à durer ?
Certes, la vacance du poste de ministre des Affaires étrangères, suite au «limogeage-démission» de Khemaies Jhinaoui, peut, dans une certaine mesure, justifier que les missions de rencontrer MM. Abdelkader Ben Salah, Emmanuel Macron, Edouard Philippe et Sergio Matarella – sans compter les autres hommes d’Etat présents dans la capitale française, aujourd’hui et demain, dans le cadre de ce Sommet sur la paix – soient confiées au Chef du gouvernement sortant, en attendant qu’un nouveau chef de la diplomatie soit nommé.
Mais il n’y a pas que cela : Youssef Chahed assure bien plus qu’un simple intérim de circonstance. Il pourrait bien être le provisoire idéalement fait pour durer, sous la présidence de Kaïs Saïed. Tant le courant semble être bien passé entre les deux hommes, qui s’apprécient et se respectent, et semblent faits pour s’entendre, malgré la différence de l’âge.
Mieux: la complicité entre M. Saïed et M. Chahed est telle qu’elle fait dire à certains que le premier ne trouvera pas un meilleur chef de la diplomatie que le second: un homme d’expérience auquel les trois années et demi passés à la tête du pays, bien que chahutées et difficiles, ont beaucoup appris en matière de relations internationale et de diplomatie.
Le VRP de luxe dont la destination Tunisie a besoin
Avec son allure de gendre idéal, M. Chahed présente aussi une image positive du pays : jeune, dynamique, ouvert et maîtrisant parfaitement l’anglais, il a prouvé ses qualités d’homme d’Etat, dévoué à la chose publique et soucieux de l’intérêt général. On l’a rarement entendu réagir excessivement sous le coup de la colère ou lâcher un mot de trop dans une discussion, même lorsqu’il était pris à partie voire parfois injustement critiqué.
Et ce n’est pas tout : le plus jeune chef de gouvernement que la Tunisie ait eu est familier des questions socio-économiques. Or, on le sait, le prochain ministre des Affaires étrangères devra être d’abord un VRP capable de présenter les atouts de la destination Tunisie, d’y ramener les investissements étrangers et d’ouvrir ainsi des perspectives pour la relance de l’économie nationale, en berne depuis 2011.
Alors, Youssef Chahed, prochain chef de la diplomatie tunisienne ? Les paris sont ouverts…
Donnez votre avis