Selon Hichem Ajbouni, député Courant démocrate (Attayar), «Ennahdha et Qalb Tounes sont des partis qui se ressemblent. Ils ont la même conception de l’Etat, c’est le non-Etat». Mais il y a encore quelques idiots utiles qui persistent à croire que le parti de Nabil Karoui peut être un rempart contre celui de Rached Ghannouchi.
Par Imed Bahri
M. Ajbouni, qui parlait hier, vendredi 6 décembre 2019, dans l’émission ‘‘Shems Mag’’, sur Shems FM, était le premier à avoir annoncé, dans un post Facebook, que le parti du leader islamiste de Rached Ghannouchi et celui du magnat de la télévision, Nabil Karoui, poursuivi en justice dans des affaires de fraude fiscale et de blanchiment d’argent, sont en train de constituer le prochain gouvernement à l’insu du plein gré du chef de gouvernement désigné Habib Jemli. Selon lui, les interminables discussions menées par ce dernier avec des représentants des autres partis et des personnalités nationales et de la société civile ne sont, finalement, qu’une comédie devant aboutir à un gouvernement Ennahdha-Qalb Tounes.
Les deux partis n’ont pas de problème avec la corruption
Traduire : l’accord Ennahdha-Qalb Tounes, en dépit de leurs dénégations respectives, était obtenu dès le début. Et pour cause : Ennahdha a une préférence pour Qalb Tounes, qui lui ressemble et a la même conception du pouvoir. Les deux partis n’ont pas de problème avec la corruption et l’économie parallèle qui gangrènent l’économie nationale et n’ont aucune volonté de réhabiliter l’autorité de l’Etat et de combattre les hors-la-loi, estime Hichem Ajbouni. Au contraire… Les deux partis veulent garantir la continuité du système de mauvaise gouvernance en place dans le pays depuis 2011 et qui l’a mené dans l’impasse où il se trouve aujourd’hui.
«On n’a pas choisi d’être dans l’opposition. On nous a contraints à y être. On a voulu participer au gouvernement pour essayer de changer la réalité des Tunisiens et réformer les méthodes de gouvernance du pays, mais Ennahdha et la coalition qui le soutient ne veulent pas d’Attayar avec eux dans le même gouvernement. Ils ne veulent pas d’un parti intègre, ayant des valeurs et des principes, car cela les gênerait et contrarierait leurs plans», a expliqué M. Ajbouni. Et d’ajouter : «En demandant les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Réforme administrative, on a juste voulu avoir des garanties pour le succès du prochain gouvernement, car on estime, après analyse de la situation, que la méthode de gouvernance doit changer. Elle ne peut plus être celle ayant prévalu au cours des 8 dernières années, et qui a été celle de l’échec, de l’impuissance et de l’acceptation de la corruption».
Ennahdha ne lâchera jamais les ministères de l’Intérieur et de la Justice
Preuve qu’Ennahdha n’a aucun problème avec la corruption et se complaît dans un système gangrené par ce fléau, «il ne veut pas lâcher les ministères de l’Intérieur et de la Justice. Il avait même accepté un ministre de l’Intérieur soupçonné de corruption (par allusion à Najem Gharsalli, Ndlr). Et il n’accepte pas un ministre de l’Intérieur ou de la Justice qui serait capable d’ouvrir les dossiers de la corruption», a encore justifié M. Ajbouni.
En d’autres termes, ceux qui craignent Dieu sont très solubles dans l’argent et, particulièrement, l’argent sale.
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