Les trois voisins maghrébins figuraient sur une longue liste de 120 pays que la Central Intelligence Agency (CIA) a espionnés pendant 50 ans, dans une opération d’envergure décrite comme étant «le coup du siècle»… que le Britannique Ian Fleming (cfr, James Bond 007) et le Français Jean Bruce (cfr, OSS 117) n’auraient jamais pu imaginer.
Ces révélations ont été faites, cette semaine, par le Washington Post, qui précise que, pendant ce demi-siècle à partir des années 1970, l’agence de renseignement américaine avait utilisé des équipements de décodage fabriqués par une entreprise suisse, la Crypto AG, qui appartenait secrètement à la CIA en partenariat hautement classifié avec les services du renseignement de l’ancienne République de l’Allemagne de l’ouest (RFA).
Simplifions: la société Crypto AG vendait son matériel à des clients à travers le monde qui ignoraient que la CIA détenait tous les secrets des systèmes de codage de l’entreprise suisse
«Ces deux agences de renseignement [américaine et allemande de l’ouest, ndlr] avait pour pratique de trafiquer les appareils de ladite société suisse [Crypto AG, ndlr] de façon à pouvoir facilement déchiffrer les codes qu’utilisaient les pays concernés dans l’envoi de leurs messages codés», selon le quotidien américain, qui a travaillé, dans le cadre de son enquête, avec la chaîne publique allemande ZDF.
Cette opération, qualifiée de «coup du siècle» de la CIA en matière d’espionnage, a permis aux autorités américaines, entre autres «exploits», d’obtenir des informations cruciales sur les mollahs iraniens, lors de l’épisode de la crise des otages américains de 1979, sur l’armée argentine, lors de la guerre des Malouines de 1982, sur le vague d’assassinats des dictateurs en Amérique latine et sur l’attentat contre une discothèque à Berlin-ouest, en 1986…
Le reportage Washington Post-ZDF relativise tout de même la réussite de ce «coup du siècle» de la CIA en faisant remarquer que les principaux adversaires des Etats-Unis, à savoir l’Union soviétique et la République populaire de Chine, n’étaient pas des clients de la Crypto AG, et échappaient donc au contrôle des services de renseignement américains.
M. Ch.
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