Alors que la bataille du vaccin contre le coronavirus bat son plein entre les Etats-Unis et les pays européens, un vaccin qui ne serait pas accessible avant 18 à 24 mois, la Tunisie vient d’enregistrer cinq jours successifs sans dépister un nouveau cas de contamination. L’espoir est donc permis, mais la vigilance reste de mise.
Par Pr Faouzi Addad *
La barre des 300.000 morts vient d’être franchie. En même temps, la bataille des vaccins fait rage. Plus de 150 projets de vaccins sont actuellement en cours dans le monde. Cependant, la polémique pour la destination privilégiée de l’éventuel vaccin de Sanofi fait réagir jusqu’au plus haut niveau de l’Etat français. Et pour cause. Les Américains ont clairement déclaré que Sanofi Monde s’était engagé à ce que le vaccin de ce laboratoire, anciennement français et aujourd’hui détenu par des capitaux internationaux, serait d’abord distribué aux Etats-Unis avant le reste du monde. Cela afin de rappeler que l’investissement des Etats-Unis pour le vaccin était 7 fois plus important que celui du reste de l’Europe, lente à la détente et avançant en rangs dispersés.
Après bataille des masques, la guéguerre du vaccin
La Covid-19 (dorénavant au féminin) a mis à nu un manque de solidarité internationale et on se souvient tous de la fameuse bataille des masques sur les tarmacs des aéroports chinois. Cette fois, la situation est encore plus grave. Une pétition signée par plus de 150 personnalités internationales demande clairement «un vaccin pour tous», l’égalité et la solidarité étant la base pour protéger l’humanité tout entière, sans discrimination d’aucune sorte. Cette demande d’un vaccin populaire gratuit pour tous sera annoncée lors de la prochaine réunion virtuelle des ministres de la Santé lors de la 73e assemblée mondiale de la santé prévue le lundi 18 mai.
Pour beaucoup d’experts, seul un accès rapide et universel au vaccin pourrait éradiquer le virus. Il semble que le projet de l’université d’Oxford soit pour l’instant le plus proche d’aboutir. En attendant, on estime que le vaccin ne sera pas accessible à tous avant 18 à 24 mois.
Cette polémique à propos du vaccin est très précoce et montre que les gouvernements sont sous la pression d’une crise économique sans précédent en cas de prolongation de la crise sanitaire.
Aïd ou pas, les lieux de culte doivent rester fermés
Pour revenir en Tunisie, le 5e jour consécutif sans aucun cas dépisté, pousse certains d’entre nous, à vouloir dé-confiner plus rapidement, et à rouvrir, entre autres, les mosquées.
À ce propos, nous ne pouvons que saluer la sagesse des hommes religieux chez nous qui ont été très compréhensifs quant à la nécessité de maintenir les lieux de culte fermés afin d’éviter une ré-infestation possible. Le ministère des Affaires religieuses, en harmonie avec celui de la Santé, a été d’un apport certain dans la gestion de ce point si délicat au cours du mois de ramadan. Et c’est la raison qui a fini par prévaloir.
D’un autre côté, et face à l’augmentation brutale des cas de contamination par le Covid-19 au cours des derniers jours en Arabie Saoudite, Riyad a décrété un couvre-feu total pour les 5 jours de l’Aïd Al-Fitr. La pandémie est donc loin d’être finie et nous devons rester vigilants.
* Professeur en cardiologie.
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