Le chef du gouvernement Elyes Fakhfakh est revenu, cet après-midi, mercredi 20 mai 2020, lors d’une allocution sur la chaîne de télévision publique Watania 1, sur les derniers développements de la situation sanitaire en Tunisie. Il a remercié les Tunisiens pour leurs efforts et leur engagement dans cette lutte contre le coronavirus et a appelé au respect des consignes sanitaires jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé. Mais rien sur l’état réel de l’économie et les moyens dont dispose le gouvernement pour la relancer.
Elyes Fakhfakh a rappelé que la Tunisie a dû affronter la pandémie avec un gouvernement installé depuis à peine 7 jours : «Sans perdre de temps, nous avons adopté une approche anticipative, en prenant des décisions courageuses, difficiles et particulières et en comptant essentiellement sur la conscience du peuple, dont nous n’avons jamais douté», a-t-il dit, feignant d’oublier que la stratégie de lutte contre le coronavirus était déjà élaborée et mise en route dès la mi-février, soit un mois et demi avant son arrivée, par le précédent gouvernement et par les services du ministère de la Santé. Pas un mot à ce sujet…
Poursuivant dans son élan d’autosatisfaction, M. Fakhfakh a également précisé que son gouvernement n’a pas perdu son temps avec les futilités, préférant axer ses efforts pour protéger la santé des Tunisiens et leur sécurité et en faire une priorité.
«En deux mois, nous avons enregistré un peu plus de 1000 cas de coronavirus dont 800 guérisons, ainsi que 47 décès. Notre système de santé ne s’est pas effondré et nous pouvons être fiers de nos compétences, que je félicite. Ensemble, nous avons réussi à dépasser la crise», a-t-il encore dit, en rappelant que le peuple tunisien a toujours démontré sa valeur et sa capacité à dépasser les crises.
«Nous devons nous conformer aux mesures imposées jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé contre le coronavirus et en attendant, nous devrons trouver un équilibre et cohabiter avec le virus», a insisté le chef du gouvernement.
Sur un autre plan, Elyes Fakhfakh a indiqué que cette pandémie a aussi dévoilé les problèmes profonds en Tunisie, comme la pauvreté, la fragilité économique et la dégradation des finances publiques, entre autres difficultés.
«Nous devons maintenir le cap et garder ce même état d’esprit et cette cohésion, car nous sommes face à un moment historique, une opportunité pour avancer autrement et de grandes luttes nous attendent. Nous sommes prêts et nous sommes capables de réussir. Nous mèneront ces luttes dans la transparence et la confiance entre le peuple et les autorités, tout en mettant les institutions de l’Etat à l’abri des conflits», a encore lancé le chef du gouvernement.
«Cette crise historique, la plus importante depuis la 2ème guerre mondiale, aura des répercussions sur l’économie mondiale et en Tunisie», a ajouté le chef du gouvernement, qui a prédit une baisse de croissance de 7 points par rapport aux prévisions initiales de 2020 et annoncé qu’un plan de relance économique sera présenté, avant fin juin, à l’Assemblée.
Elyes Fakhfakh a par ailleurs réaffirmé l’engagement du gouvernement à lutter contre la pauvreté, le chômage, la bureaucratie, l’impunité et la corruption.
Bref, que de l’autosatisfaction et des considérations générales sur la gravité de la crise et la célérité du gouvernement dans sa gestion. Ceux qui s’attendaient à des clarifications sur l’état de l’économie et sur les moyens dont dispose le gouvernement pour la relancer en ont eu pour leurs frais. C’est à se demander si ce gouvernement a une vision claire de ses missions et sait vraiment où il va et vers où il compte amener les Tunisiens. Pas très rassurant. C’est même plutôt inquiétant quand on voit la rapidité avec laquelle d’autres pays, notamment européens, ont pris des décisions inédites et audacieuses pour essayer de sortir de la crise avec les moindres frais.
Y. N.
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