Lors de la prestation de serment du gouvernement Mechichi, le président de la république Kaïs Saïed a prononcé un discours hors-sujet. Au lieu d’évoquer les dossiers brûlants et urgents comme celui de la paralysie du secteur pétrolier et gazier par les agitateurs d’El-Kamour, la crise de la Covid-19 et ses répercussions sanitaires et économiques lourdes, etc…, il s’est plutôt lancé dans une énième diatribe contre des ennemis invisibles, qu’à son habitude, il ne nomme pas et dont il se garde toujours de révéler leurs plans et de les faire capoter.
Par Imed Bahri
«S’ils retournent à la première année de l’école primaire, ils seront virés de la pire manière» (…) «Des traîtres qui se jettent dans les bras du sionisme» (…) «Je suis au courant de leur plan dans les cabinets noires» (…) «Ils ne méritent que le mépris», «Ou bien une vie qui rend heureux un ami ou bien une mort qui ulcère un ennemi», et ainsi de suite, dans un véritable délire complotiste indigne d’un chef d’Etat… Mais s’ils ne méritent que le mépris ces ennemis invisibles alors pourquoi leur accorder une demi-heure de discours ?
Un délire complotiste indigne d’un chef d’Etat
Dans plusieurs autres discours et vidéos dans des visites dans les casernes et au ministère de l’Intérieur, qu’il entreprend la nuit pour ajouter du mystère au mystère, il avait parlé de «atraf» (parties), de «mouamarat» (complots), encore et toujours de «cabinets noires», de «tentatives de faire exploser l’Etat de l’Intérieur» (pas moins ?), et on peut ainsi continuer des heures et des heures avec le discours hitchcockiens de Saïed avec son champ lexical du complotisme qu’il manie à la perfection comme jadis D’Artagan maniait l’épée.
Sauf que M. Saïed ne nomme jamais les concernés. Il n’a pas le courage de le faire. Ils parlent toujours de «hom» (ils) mais qui sont-ils nom de Dieu? Qui sont ces ennemis invisibles qu’il a peur de nommer ? L’affairiste véreux Nabil Karoui, qui le déteste cordialement ? Le chef historique des islamistes tunisiens Rached Kheriji dit Ghannouchi qui aimerait tant prendre sa place? L’agitateur pseudo-révolutionnaire Seïfeddine Makhlouf, qui l’a toujours voué aux gémonies ? Les bandits d’El-Kamour ? Erdogan, qui installe des armées de mercenaires aux frontières sud de la Tunisie ? Les services secrets turcs ? Les fantômes ?
Ce dont on est sûr, en revanche, c’est qu’il ne s’agit pas de l’écrivain Taha Husseïn et du poète Ilya Abou Madhi, auteurs qu’il lit fréquemment pour meubler ses longues heures de désœuvrement au Palais de Carthage.
Des ennemis invisibles et ayant vocation à le rester pour toujours
Hélas, M. Saïed n’a pas le courage de démasquer ces ennemis invisibles qui l’assaillent de partout et hantent ses nuits et ses jours. Il n’a pas le courage de les nommer, de dévoiler leurs complots et de les faire capoter. Il n’a pas le courage de les dénoncer comme il a encore moins le courage d’expulser les bandits d’El-Kamour qui paralysent la production pétrolière et gazière et qui menacent la Tunisie de ruine et qui défient et humilient l’Etat dont Saïed est le chef tous les jours.
Kaïs Saïed ne sait que parler, c’est le champion de la parlotte, un blablateur professionnel, un sophiste avec les idées et la profondeur en moins. Que des discours complotistes creux, vides et stériles, que nous allons devoir encore supporter pendant quatre longues années. C’est à se flinguer…
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