Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affirmé, hier soir, mercredi 6 octobre 2021, dans un communiqué, son rejet absolu des procès militaires de civils sur fond de leurs opinions, positions et publications, les considérant comme un recul pour la liberté d’expression et un coup porté à la démocratie et au droit à la différence.
Le SNJT a également exprimé son refus total de poursuivre (en justice) les journalistes et, de façon générale, les personnes qui expriment médiatiquement leurs opinions, sur la base de celles-ci, assurant que les erreurs professionnelles et les problèmes d’édition sont du domaine des organes de révision de la profession et du décret 115 relatif à la liberté de la presse, de l’imprimerie et de l’édition.
Les critiques du syndicat sont plus que justifiées puisque le tribunal militaire se mêle de plus en plus fréquemment de ce genre d’affaires, particulièrement contre les personnes qui affichent des opposition défavorable au président de la république, Kaïs Saïed et à sa politique.
Dimanche dernier, l’animateur de Zitouna TV, Ameur Ayed, et le député de la coalition Al-Karama, Abdellatif Aloui, ont fait l’objet d’un mandat d’amener express émis par le tribunal militaire de Tunis pour insolence envers le chef de l’État. Finalement, Aloui a été relâché et son audition reportée, mais un mandat de dépôt a été émis contre Ameur Ayed, après une dizaine d’heures de plaidoiries de ses nombreux avocats.
Ce qui est curieux c’est que la chaîne Zitouna TV diffuse, à la base, dans l’illégalité depuis plusieurs années, en se permettant de déchirer les avertissements et les décisions d’amendes qui lui sont adressés par la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica), en direct sur antenne, et ce, sans que les tribunaux n’aient jamais bougé le petit doigt ! Et il aura suffi que Saïed soit insulté (même si, ce n’est en aucun cas justifiable d’insulter un être humain, surtout dans un média) pour que les mesures judiciaires soient prises à la vitesse de l’éclair.
Le communiqué du SNJT a, sur un autre plan, condamné «les campagnes de diffamation et de diabolisation électroniques contre les personnes qui ont des avis différents, par des parties qui se présentent comme favorables au président de la république».
Le Syndicat national des journalistes tunisiens a, finalement, tenu Kaïs Saïed pour responsable de tout éventuel recul dans le cours des droits et libertés publics et individuels, mettant en garde contre le danger de retourner au carré des restrictions et du musellement, appelant le président de la république à activer ses engagements antérieurs pour garantir les droits et libertés.
Cherif Ben Younès
Tunisie : Mandat de dépôt contre Ameur Ayed, présentateur de la chaîne islamiste Zitouna TV
Donnez votre avis