Jawhar Ben Mbarek, qui se donne pour mission de conduire, pour le compte du parti islamiste Ennahdha, la grogne contre les mesures d’exceptions décrétées le 25 juillet par Kaïs Saïed, n’inspire pas vraiment confiance, car il montre une telle inconstance et une telle versatilité qui lui font changer d’avis tout le temps, sans craindre de se contredire tout le temps, qu’on est en droit de s’interroger sur ses véritables motivations. Et s’il a vraiment, comme il le prétend, des convictions démocratiques.
Par Imed Bahri
Les positions de M. Ben Mbarek, qui ne brille pas par sa pondération intellectuelle ni par son sang froid, se caractérisent souvent par leur extrémisme de principe, dans un sens donné, puis aussitôt après, dans le sens totalement opposé.
Le professeur de droit public fut ainsi, tour à tour, au fil des ans, un opposant virulent aux islamistes, avant de devenir depuis quelque temps leur porte-voix préféré, au point d’être désormais invité régulièrement par les médias audio-visuels à leur solde, où il s’attaque en des mots peu choisis à leurs adversaires politiques, à commencer par leur homme à abattre du moment : Kaïs Saïed.
Le propagandiste préféré de Ghannouchi
Dire que M. Ben Mbarek sert aujourd’hui la soupe aux islamistes est un euphémisme. En fait, il est complètement dévoué à leur cause, leur serviteur le plus zélé. Après avoir été, il y a à peine deux ans, un fervent partisan de Kaïs Saïed, au point de pleurer de joie le jour de son élection à la présidence de la république, il veut aujourd’hui aider ses adversaires islamistes à se remettre en selle, après avoir été chassés du pouvoir par une majorité de citoyens, descendus en masse dans la rue, le 25 juillet dernier, pour les dégager, écœurés qu’ils sont aujourd’hui par la situation catastrophique où leur pays est arrivé au terme d’une décennie de gouvernance islamiste.
M. Ben Mbarek, devenu rapidement le propagandiste préféré de Rached Ghannouchi et des Nahdhaouis, veut remettre Ennahdha en selle dans l’espoir qu’une fois remis en selle, les dirigeants du parti islamiste lui renvoient l’ascenseur et le nomment dans un poste gouvernemental, et pourquoi pas chef de gouvernement, tant qu’il y est. Il n’est pas invraisemblable que son narcissisme légendaire lui fait miroiter la chimère d’un destin national qu’il sait inaccessible pour des gens comme lui et qu’il ne saurait en tout cas réaliser de la manière la plus appropriée et la plus méritante, à savoir en se faisant élire directement par le peuple. Car les urnes, pour des gens comme lui, sont une voie non-passante.
Des zombies politiques sur le chemin d’Ennahdha
Faut-il s’étonner dès lors que, dans sa servilité intéressée, M. Ben Mbarek en fasse souvent des tonnes : il crie plus haut que tous les autres (aidé en cela par des cordes vocales exceptionnellement performantes) et ne recule devant aucun excès, l’essentiel étant pour lui d’être vu, entendu et apprécié par ses maîtres du moment ? C’est pourquoi, lors des manifestations organisées par les islamistes, comme celle d’aujourd’hui, dimanche 14 novembre 2021, au Bardo, pour dénoncer les mesures exceptionnelles décrétées par le président Saïed, on ne voit et n’entend que lui, toujours au premier rang, à attirer micros et caméras, comme un aimant.
C’est l’as de l’agit-prop (agitation et propagande politique communiste) qui loue ses services aux islamistes, lesquels, on le sait, fourbes qu’ils sont, adorent se mettre en retrait et combattre leurs adversaires sans trop s’afficher, en mettant sur les devants de la scène des doublures avançant masquées. Ils ont ainsi utilisé Moncef Marzouki, Mustapha Ben Jaâfar, Mohamed Abbou, Béji Caïd Essebsi, Youssef Chahed, Néjib Chebbi, Ridha Belhadj, Slim Riahi, Nabil Karoui et autres Ghazi Chaouachi, pour les jeter ensuite comme des mouchoirs kleenex usagés.
Une façon de dire, en guise de conclusion, que Jawhar Ben Mbarek, aveuglé aujourd’hui par ses ambitions démesurées et bercés par ses illusions, va bientôt rejoindre cette longue liste de has been, véritables «zombies politiques» au regard des Tunisiens.
Manifestation, aujourd’hui, dimanche 14 novembre 2021, au Bardo, pour dénoncer les mesures exceptionnelles décrétées par le président Saïed.
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