Un grand acteur de la scène culturelle tunisienne des cinquante dernières années nous a quittés, hier, lundi 21 novembre 2022, comme il a toujours vécu, discrètement et sans faire de bruit, car Chedly Chebli, l’ami de tous, sait dire adieu avec la grâce et la classe des hommes humbles.
Par Ridha Kéfi
Après des études à l’université de Vincennes à Paris, en France, à la fin des années 1960, l’enfant de Zarzis est rentré à Tunis au milieu des années 1970 et, depuis, il a contribué à toutes les aventures théâtrales qui ont marqué la scène tunisienne au cours des cinquante dernières années et accompagné tous les grands auteurs, metteurs en scène, acteurs et critiques dramatiques : de Taoufik Jebali à Hedi Guella en passant par Fadhel Jaziri, Raouf Ben Amor, Mohamed Driss, Hichem Rostom, Raja Farhat, Zeineb Farhat, Raja Ben Ammar, Moncef Sayem, Mahmoud Larnaout et bien d’autres.
Chedly Chebli a aussi aidé plusieurs chanteurs et chanteuses à percer en éditant, avec son ami Hechmi Ben Frej, leurs premières «cassettes», le moyen de diffusion le plus populaire dans les années 1980.
Mais lui, il n’était jamais sur scène ni sous les lumières des projecteurs. C’est à peine si parfois il montait sur les planches à la fin des spectacles pour remettre un bouquet de fleurs au metteur en scène ou à l’actrice principale, avec cette courtoisie, cette générosité d’âme et cette élégance qu’on lui connaît.
L’ami de tous, écrivions-nous ci-haut, et c’est peu dire, quand on sait que lorsque la guéguerre devenait intenable entre les frères (et sœurs) ennemi(e)s, et le monde du spectacle est parfois, comme on le sait, un panier à crabes, c’est toujours auprès de Chedlon, comme on le surnomme, qu’ils ou elles se confiaient tous et toutes, car ils et elles trouvaient auprès de lui l’écoute amicale et la compréhension fraternelle, et surtout, la discrétion absolue. Car il n’était pas du genre à attiser le feu, mais c’est à lui que l’on recourait souvent pour l’éteindre et pour ramener la concorde dans les cœurs.
Depuis qu’il a quitté le Théâtre national tunisien (TNT), où il a longtemps travaillé aux côtés de Mohamed Driss, Chedlon s’est réfugié dans une retraite bien méritée, tout en gardant intactes ses anciennes amitiés, témoignant de la gratitude même à ceux et à celles qui furent ingrat(e)s avec lui.
Que Dieu ait son âme et que ceux et celles qu’il avait aidé(e)s à se propulser sur la scène artistique de lui rendre l’hommage posthume qu’ils (et elles) lui doivent tous (et toutes) !
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