Les potins du cardiologue : du mal au cœur

Le mal au cœur véritable, celui qu’il faut prendre au sérieux et aller consulter d’urgence, ne se situe que rarement là où le cœur bat.

Par Dr Mounir Hanablia *

Dans la maladie coronaire, qui est une obstruction des artères du cœur occasionnant un défaut d’oxygénation dans le muscle cardiaque, la douleur doit constituer un signal d’alarme important quand elle apparaît, en particulier pour la première fois. On la qualifie d’angine de poitrine quand elle survient à l’effort, à type de brûlure ou de pesanteur oppressive au milieu de la poitrine, et qu’elle disparaît à l’arrêt de l’effort, généralement en quelques secondes. Elle s’accompagne parfois de malaises et peut-être suffisamment inquiétante pour que le patient prenne l’initiative de lui-même d’aller consulter un médecin.

La douleur peut cependant être trompeuse, se situer à l’épaule, au bras, parfois dans les mâchoires. Et elle peut carrément être absente, et ce sont d’autres symptômes qui doivent attirer l’attention, tels que des palpitations, des malaises, des vertiges, des nausées, parfois des vomissements, des douleurs ou des crampes à l’estomac, ou même des troubles digestifs inhabituels après les repas, qui constituent pour l’organisme l’équivalent d’efforts.

En général le contexte clinique est en lui même évocateur quand il s’agit de tabagiques, de diabétiques, d’hypertendus, d’obèses, d’hypothyroïdiens, de personnes âgées, quand le bilan lipidique est perturbé, et que les antécédents familiaux sont évocateurs.

Mais de plus en plus de jeunes sont atteints. Mais la douleur ou les symptômes ne sont pas obligatoirement liés à l’effort et doivent inquiéter encore plus quand ils surviennent au repos, qu’ils sont de plus en plus fréquents, ou prolongés. Dans ce cas, il faut aller consulter en urgence.

Souvent l’électrocardiogramme peut être significatif et confirmer la maladie, mais parfois il est normal, et dans ce cas, quand la douleur ou que le contexte clinique est particulièrement évocateur, il vaut mieux passer directement à la coronarographie qui visualise la topographie des lésions sur le réseau coronaire, et éviter l’épreuve d’effort.

Il faut savoir qu’il n’y a pas de parallélisme entre les symptômes ou l’électrocardiogramme d’une part, et l’atteinte des artères coronaires de l’autre.

En fin de compte, le mal au cœur véritable, celui qu’il faut prendre au sérieux, ne se situe que rarement là où le cœur bat.   

Médecin de libre pratique.

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