«La compagnie Tunisair, jadis prospère et à la fine pointe du service aérien, n’est plus qu’un nid de mal gouvernance, de corruption, de vol de bagages, de lobbyistes, mais par seulement! Sans compter, les passe-droits, la saleté, la nonchalance et l’irrespect des clients.»
Le diagnostic de l’économiste Moktar Lamari est sans appel. Dans un article intitulé «Tunisair bat de l’aile» publié le 8 janvier 2023 sur son blog Economics for Tunisia, E4T, il passe en revue le bilan de la compagnie publique tunisienne pour 2022, qui indique qu’elle a perdu 12% de la valeur de ses actifs en bourse. «Un régime de perte d’une moyenne de 10% par an, depuis 2011. Et c’est énorme, pour un monopoleur de service», écrit-il, en citant des bases de données internationales, en énumérant les maux chroniques dont souffre Tunisair, jadis fleuron du secteur public national. Longtemps pointés du doigt, ces maux tardent à être solutionnés.
Parmi ces maux, l’économiste cite le sureffectif : «Au moins 3000 employés (sur 8000) sont de trop», note-t-il, en ajoutant que beaucoup de ces employés de trop «ont été recrutés par des accointances politiques et des opérations de corruption et de malversations notoires.»
Beaucoup de ces employés, qui perçoivent de gros salaires sans aucun rendement notable, doivent être sinon licenciés du moins redéployés et mieux utilisés dans le cadre d’une opération de restructuration. «Les payeurs de taxes ne doivent pas payer davantage pour ces fonctionnaires choyés, tissés serrés, mais qui ne font rien pour rentabiliser la compagnie, même si elle agit quasiment en monopole, hors des lois de la concurrence et des impératifs de la qualité du service rendu», insiste l’économiste, qui voit ce fleuron du secteur public dépérir sous le regard complice et/ou impuissant des responsables de l’Etat.
Pourtant, «une restructuration profonde de la compagnie et de la filière du transport aérien peut produire 100 points de base du PIB, et peut relancer le tourisme, réduire le déficit du budget de l’État», insiste Moktar Lamari, qui en appelle au courage politique des responsables du pays qui doivent faire preuve de leadership «pour convaincre et mobiliser pour le changement et le redressement de cette compagnie à grand potentiel», où l’Etat tunisien détient 65% du capital et Air France 6%. Or, ils observent la compagnie piquer du nez et menacer d’un crash imminent sans bouger le petit doigt. Ou plus grave encore : ils pompent dans les caisses de l’Etat pour la maintenir à flot, sans que les contribuables n’aient le droit d’y opposer leur véto.
«On sait par des sources internationales fiables que Tunisair a une dette garantie par l’Etat de presque un milliard de dinars (300 millions d’euro)», écrit encore Moktar Lamari.
Jusqu’à quand cette compagnie va-t-elle continuer à vivre aux basques des contribuables en leur offrant des services des plus exécrables ?
I. B.
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