«Les fondements de la justice ont été détruites en Tunisie», a déclaré le président du Front du salut national (FSN), Nejib Chebbi, en commentant la condamnation à 14 mois de prison avec exécution immédiate, hier soir, vendredi 20 janvier 2023, de Seifeddine Makhlouf.
Chebbi qui parlait aujourd’hui, samedi 21 janvier, au cours d’une conférence de presse à Tunis, a précisé que «le fondement de la justice dans notre pays et dans le monde est qu’un être humain ne doit pas être jugé pour le même fait deux fois, et Seifeddine Makhlouf et ses camarades qui ont été condamnés à la prison avec exécution immédiate ont été jugés pour la seconde fois pour les mêmes actes», et ce dans le cadre de l’affaire dite de l’aéroport Tunis-Carthage.
«Dans cette affaire, il y a eu un premier jugement civil et, hier, le tribunal militaire a permis la révision du procès et annoncé son propre jugement, et ce contrairement à toutes les règles du droit», a insisté Chebbi, ajoutant que «ce qui est passé hier prouve qu’il y a un esprit de vengeance qui n’a rien à voir avec la loi. C’est plutôt la loi de la jungle».
«Ces actes et ces mesures prouvent aussi que nous vivons à une étape où l’on tente de tuer la liberté et de détruire la démocratie», a-t-il ajouté, dans une critique adressée au président de la république Kaïs Saïed que le FSN accuse d’avoir commis un coup d’Etat, en proclamant l’état d’exception, le 25 juillet 2021 et en accaparant tous les pouvoirs dans le pays.
La vice-présidente du parlement dissous le 25 juillet 2021 et membre du FSN, Samira Chaouachi, a déclaré, de son côté, au cours de la même conférence de presse, que «Seifeddine Makhlouf est sorti vainqueur et non perdant de cette affaire de l’aéroport», ajoutant que «sa condamnation est politique et non judiciaire» et qu’elle «n’a pas été prononcée par une justice équitable».
«Les avocats de Makhlouf ont souligné les irrégularités de ce procès, en rappelant que Makhlouf est un représentant du peuple qui a dénoncé le coup d’Etat et l’a combattu», a-t-elle dit, par allusion à la proclamation de l’état d’exception. «Le coup d’Etat a inscrit la Tunisie sur la liste des pays qui commettent des irrégularités et des abus en permanence», a encore déclaré Mme Chaouachi.
L’avocat Samir Dilou, ancien dirigeant démissionnaire du parti islamiste Ennahdha et actuel membre du FSN, a déclaré, pour sa part, que le tribunal militaire n’est pas habilité à faire exécuter les jugements de façon immédiate, ajoutant qu’«on ne compte plus aujourd’hui les irrégularités et les abus judiciaires, qui visent à terroriser les opposants».
I .B.
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