Alors que le président Kaïs Saïed continue de nous rebattre les oreilles avec les histoires de spéculateurs qui seraient, selon lui, à l’origine des pénuries actuelles des produits de base en Tunisie, voilà que les professionnels montent au créneau pour pointer la mauvaise gouvernance des institutions de l’Etat, qui sont les principales responsables de la plupart des pénuries dont se plaignent les citoyens.
C’est dans ce cadre que la Chambre syndicale nationale des torréfacteurs de café a tenu à rappeler aux consommateurs, dans un communiqué publié ce samedi 4 février 2023, qu’elle n’est pour rien dans la pénurie de café observée depuis plusieurs mois en Tunisie.
Le responsable direct de cette pénurie n’est autre que l’Office du commerce de Tunisie (OCT), dépendant de l’Etat et qui fait face de gros problèmes pour financer ses importations, précise la Chambre.
L’OCT, qui a été créé en vertu du décret n° 6 de l’année 1962, est la seule partie autorisée à fournir le marché tunisien en café. Elle bénéficie également du monopole d’importation et de distribution de ce produit, et assume la responsabilité de constitution de stocks stratégiques pour faire face à la hausse de la demande lors des périodes de grande consommation (mois de ramadan, saison estivale et fêtes de fin d’année), explique la Chambre dans son communiqué.
Mais face à la hausse continue du prix du café sur le marché international, l’OCT n’est plus en mesure de fournir aux industriels du secteur leurs besoins en café vert, sachant que cette hausse n’a pas été prise en compte dans la structure des prix fixés par le ministère du Commerce, précise encore la Chambre.
Tout en rappelant que le secteur vit depuis plus de sept mois une double crise inédite et dangereuse qui a causé la fermeture d’usines de café pendant plusieurs semaines, menaçant ainsi la poursuite des activités et la pérennité des entreprises, la Chambre a déploré aussi le manque important de café vert sur le marché et les énormes pertes subies par les entreprises au fil des jours, en raison du gel des prix depuis plus de deux ans, malgré les appels répétées des professionnels à trouver des solutions radicales aux problèmes que vit le secteur, sans que les autorités n’y réagissent.
Par ailleurs, précise la Chambre dans son communiqué, le manque de café sur le marché a aggravé le phénomène du marché parallèle dans toutes les régions, ce qui menace le tissu industriel national et la santé des citoyens, étant donné l’absence de contrôle de la qualité des produits.
Face à cette situation de crise et en l’absence d’une solution au blocage, la chambre appelle à libéraliser immédiatement ce secteur très concurrentiel pour permettre aux industriels d’assumer leur responsabilité en fournissant le café aux consommateurs et en garantissant la qualité requise. La libéralisation doit concerner aussi bien l’importation du café vert que de la fixation des prix de vente, à l’instar du café torréfié ou instantanée, et ce conformément aux promesses faites et aux accords passés avec les autorités à ce sujet, et qui n’ont pas été appliqués à ce jour.
I. B.
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