Sihem Bensedrine a déclaré que la récente campagne d’arrestations a ciblé des personnalités qui n’ont rien à voir avec les crises que traverse aujourd’hui la Tunisie. «Ce sont des boucs émissaires présentés aux Tunisiens comme impliquées dans des affaires de corruption», a-t-elle dit.
L’ex-présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), qui parlait au cours d’une conférence de presse, aujourd’hui, jeudi 23 février 2023, a indiqué qu’elle a recensé durant sa présidence de l’IVD, entre 2014 et 2019, un grand nombre de dossiers de corruption financière et bancaire qui n’ont pas été suivis d’effet. «On a seulement traité les dossiers liés aux atteintes subies par les victimes de la dictature, lesquels ne représentent que 7% de la totalité des dossiers de la justice transitionnelle», a-t-elle dit.
Mme Bensedrine a aussi indiqué que le processus de justice transitionnelle a été stoppé dans ses volets sécuritaire, judiciaire, bancaire et économique, et «c’est ce qui a contribué à la dégradation de la situation économique dans le pays que nous vivons actuellement», a-t-elle ajouté.
«L’IVD a présenté un nombre de recommandations pour faire avancer la justice transitionnelle, mais le gouvernement et la présidence de la république ne les ont pas mis en œuvre. Et la situation actuelle de la Tunisie est la conséquence de la non-application de ces recommandations», a insisté Mme Bensedrine, ajoutant que l’IVD a remis quelque 1746 dossiers aux instances judiciaires en charge de la justice transitionnelle. Ces dossiers impliquent de nombreuses personnes accusées de graves malversations financières, mais seules 66 d’entre elles sont aujourd’hui poursuivies en justice.
I. B.
Donnez votre avis