Les députés européens soutiennent un retour «rapide» à l’ordre constitutionnel, «négocié» et «consulté» avec tous les acteurs de la société tunisienne, a déclaré, jeudi 26 mai 2022 à Tunis, Marcus Cornaro, ambassadeur de l’Union européenne (UE) en Tunisie.
D’après le responsable européen qui s’exprimait en point de presse, une délégation de la sous-commission droits de l’homme du Parlement européen s’est rendue à Tunis du 22 au 24 mai pour lui permettre de comprendre les enjeux démocratiques qui se jouent actuellement dans le pays.
Des enjeux qui interviennent sur fond de crise politique et économique majeure en Tunisie, quelques mois avant le référendum du 25 juillet, censé apporter une réforme constitutionnelle.
Pour un retour à l’ordre constitutionnel
L’appel des eurodéputés à un retour à l’ordre constitutionnel intervient alors que l’Union européenne vient de débloquer un prêt de 300 millions d’euros à la Tunisie pour l’aider à financer son budget et à mettre en œuvre des réformes majeures.
Il s’agit du deuxième et dernier versement au titre du programme d’Assistance macro-financière (AMF), approuvé en faveur de la Tunisie dans le contexte de la Covid-19. Ce décaissement vise atténuer les répercussions économiques de la pandémie et, par la même, renforcer la stabilité macroéconomique, a fait savoir le diplomate européen.
Revenant sur la visite de la délégation européenne en Tunisie, qui s’est déroulée, selon lui, dans le cadre des relations «privilégiées» entre les deux parties, Cornaro a indiqué que les eurodéputés ont eu l’occasion de rencontrer un grand nombre d’acteurs institutionnels et de représentants de la société civile tunisienne.
Il a, à ce propos cité, des organisations nationales et de défense des droits humains, des associations actives dans le domaine des droits économiques et sociaux, mais aussi des magistrats, ainsi que des représentants de partis politiques et des organisations de jeunesse.
Des rencontres ont également eu lieu avec Nourredine Taboubi, secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), Samir Majoul, président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), Mohamed Yassine Jelassi, président du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), Fathi Jarray, président de l’Instance indépendante pour la prévention de la torture (IIPT), ainsi que Farouk Bouasker, nouveau président de l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) et Sadok Belaid, président coordinateur de la Commission nationale consultative pour une Nouvelle République (CNCNR).
Les discussions ont porté principalement sur la problématique de l’État de droit et, en particulier, les dissolutions successives des instances constitutionnelles et de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) ainsi que sur les dangers liées à la concentration des pouvoirs.
Autoritarisme et concentration du pouvoir
Pendant cette visite, de nombreuses «inquiétudes» ont été exprimées face à une concentration de pouvoirs dans les mains d’une seule personne, en l’occurrence le président de la république Kaïs Saïed, et une «dérive» autoritaire qui représente une véritable menace pour les acquis constitutionnels du pays, a-t-il lancé.
Pour le responsable européen, le retour à la normalité démocratique dans les meilleurs délais et la reprise de l’activité parlementaire constituent des étapes «déterminantes» pour la Tunisie.
«L’ancrage démocratique du pays, le respect de l’Etat de droit et de la constitution doivent être préservés», a-t-il plaidé, assurant, toutefois, que l’UE se tient toujours aux côtés du peuple tunisien.
D’après Tap.
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