Taïeb Bouzid a été nommé à la tête du télé-journal de 20 heures sur la chaîne publique Wataniya 1, en remplacement de Saïda Ben Hammadi, qui a assuré, pendant un peu plus de deux ans, autant que faire se peut, un télé-journal plus ou moins équilibré, impartial et objectif.
Difficile de ne pas mettre un lien entre ce changement et les récentes critiques exprimées par Kaïs Saïed à l’encontre de la ligne éditoriale indépendante de la chaîne publique et la demande qu’il a clairement faite aux journalistes de la télévision nationale de contribuer à ce qu’il appelle la «guerre de libération nationale». Traduire : l’adhésion à son projet politique personnel.
Le président de la république a toujours estimé que les médias publics doivent être au service de la propagande du régime qu’il incarne et s’est toujours inscrit contre l’idée de médias publics indépendants, objectifs et impartiaux. Selon lui, les médias publics doivent être des instruments d’information sinon de propagande au service du gouvernement.
Espérons que cette nomination ne se traduira pas rapidement par un changement brutal dans la ligne éditoriale du télé-journal de 20 heures pour devenir le porte-voix non seulement du régime en place, mais également et surtout du palais de Carthage, comme cela fut le cas sous les régimes autoritaires de Bourguiba et Ben Ali.
L’information en Tunisie est devenue un exercice difficile et la ligne de crête périlleuse dans un pays qui renoue, lentement mais sûrement, avec les démons de l’autoritarisme dont il a cru s’être débarrassé au lendemain de la révolution de janvier 2011.
I. B.
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