Ce texte de l’intermédiaire Youssef Zarrouk est un triple hommage. D’abord celui d’un fils à son père dont la figure est éternelle et ne nous quitte jamais tout comme celle de la mère. Ensuite, c’est un hommage à la Tunisie d’antan, calme, apaisée et insouciante. Et enfin un hommage à Sidi Bou Saïd, village des saints et des artistes.
«La vie est belle. J’ai entre les mains une vieille photo de mon père qui doit dater des années 40. Il est entouré d’une vingtaine d’enfants pauvres de Sidi Bou Saïd, il leur faisait tous les jours la classe, pendant trois heures. Mon père voulait à mains nues éradiquer l’analphabétisme dans son village, il avait emprunté un tout petit local au marchand de légumes Hassan Bougamha, se faisait aider par le boucher Haj Khemaïes et tout ce beau monde s’entraidait dans une bonne humeur contagieuse.
Mon père aimait par-dessus tout transmettre son amour pour la poésie, il adorait Al-Maari et Chebbi. Sur la photo une petite ardoise, à même le sol, avec ce très beau vers: ‘‘La vie ne vaut que si on meurt fier de ce qu’on a réalisé’’. La traduction n’est pas très bonne, mais avouez que la poésie n’est pas facile à traduire surtout celle de Chebbi.
Cela fait soixante ans que cet homme me manque, tous les jours un peu plus. Il avait un sourire irrésistible où brillait une incisive en or. La mode. Nous étions pauvres mais tellement heureux, la tendresse était à tous les étages, les plaisanteries et blagues de tous les instants.
L’amour de la patrie, l’amour de Dieu et l’amour que nous portions les uns aux autres étaient une bénédiction. Mon village, la colline aux sept cents saints, les escaliers qui mènent à la plage, les marches du café des nattes… tout était harmonieux. La paix des cœurs, l’insouciance et la joie de vivre. Le bonheur que je souhaite à nos enfants.
Vive la vie.»
Oui, on avoue, la traduction de la poésie n’est chose aisée toutefois et le moins que l’on puisse dire est que la traduction du vers de Chebbi est réussie. Kapitalis qui publie, dans sa rubrique dominicale ‘‘Le poème du dimanche’’, les grands poètes du monde en sait quelque chose. La semaine dernière pour le poème ‘‘Le Prophète’’ d’Alexandre Pouchkine, nous avons choisi celle de Prosper Mérimée, un grand écrivain français du XIXe siècle.
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