Revenant sur l’attaque de son meeting, dimanche dernier, 31 mars 2019, à Sidi Bouzid, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi a assuré qu’un plan d’assassinat la visant était prévu ce jour-là.
Par Yüsra Nemlaghi
Abir Moussi estime qu’il y a eu des manquements de la part de tout le monde : le chef du gouvernement, les autorités locales, les cadres sécuritaires et autres : «Un crime d’Etat prémédité a été évité», a-t-elle lancé, aujourd’hui, mercredi 3 avril, au cours d’une conférence de presse qu’elle a organisée pour revenir sur les circonstances de ce qui s’est passé à Sidi Bouzid, en accusant les agents de police d’avoir ménagé les assaillants, qui avaient jeté des pierres sur ses partisans.
Mme Moussi a également indiqué avoir identifié les agresseurs : «Des partisans d’Ennahdha, du Congrès pour la République et du Front populaire, en somme le Groupe du 18 octobre 2005 (opposants islamistes et de gauche unis contre l’ancien régime, dont se réclame Mme Moussi, Ndlr), qui refait surface pour me tuer et évidemment le ministère public n’a pas bougé le petit doigt», a-t-elle dit, en diffusant des photos de personnes ayant participé à l’attaque et en appelant le ministère de l’Intérieur à les arrêter.
Qui veut mousser la planche à Abir ?
La présidente du PDL, avocate de son état, a diffusé des vidéos de l’attaque ayant déjà circulé sur les réseaux sociaux et n’a pas apporté d’éléments nouveaux, à part l’identité des agresseurs présumés, qu’elle est allée chercher sur Facebook. Ses partisans agressés ont également apporté leurs témoignages.
«Le chef du gouvernement m’a contactée suite à cette attaque, mais moi, ce que j’attends ce ne sont pas des mots, mais des actes. Il en est de même pour le ministre de l’Intérieur», a-t-elle lancé, en frappant du poing sur la table.
«Les blogueurs qui critiquent le gouvernement sont arrêtés pour de simples critiques dans des statuts Facebook, mais ceux qui agressent et s’attaquent à Abir, le gouvernement les laisse faire !», a-t-elle ajouté en parlant d’elle-même à la troisième personne, sans doute par humilité !
Abir Moussi a déploré l’agression de ses partisans, ajoutant qu’elle s’attend désormais au pire : «On a même agressé le tabbal (le joueur de tambour, Ndlr), et ça c’est de la faute de ceux qui ont fait toute une montagne de ma visite à Kalaa Kebira où un groupe de musique populaire m’avait accompagnée. Aujourd’hui on a cassé le tambour, demain on tuera probablement un cheval parce qu’Abir est montée sur un cheval», a-t-elle ajouté, le plus sérieusement du monde. D’ailleurs a-t-on jamais vu Mme Moussi rigoler?
Comme on devait s’y attendre, le point de presse a ensuite dégénéré en meeting électoral, puisque Mme Moussi s’est mise à «tirer» sur tous les autres partis politiques, le chef du gouvernement et tutti quanti. Elle a notamment parlé du sondage d’opinion réalisé par le cabinet Emrhod et dont les résultats ont été diffusés lundi, où elle a été classé 3e dans les intentions de vote pour la présidentielle de 2019, avec un taux de 5,7%. C’est trop peu pour elle, pense-t-elle, qui estime être en réalité mieux classée.
Pour elle ce sondage, qui la met pourtant devant la plupart des personnalités politiques les plus en vue (le président Béji Caïd Essebsi, l’ancien président par intérim Moncef Marzouki, l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomaa, le secrétaire général de Machrou Tounes, Mohsen Marzouk et bien d’autres), est commandité par le gouvernement (sic!).
Le Palais de Carthage ou rien !
«Youssef Chahed est classé 1er , allons donc ! Il a augmenté le prix de l’essence et les Tunisiens vont le classer premier», a-t-elle lancé, et de poursuivre : «Nous sommes la force qui sauvera le pays et ce par la démocratie, qui est notre seul outil. D’ailleurs, je défie les médias qui ont fait sortir mes déclarations de leur contexte en prétendant que j’ai menacé de mettre les islamistes en prison. Je n’ai jamais dit cela».
Jouant sur la corde féministe, elle qui s’oppose à l’égalité successorale entre l’homme et la femme, Mme Moussi a aussi estimé qu’on l’a agressée parce que certains n’acceptent pas qu’une femme soit aussi forte et qu’elle puisse être à la tête d’un parti et probablement, demain, à la présidence, selon ses mots, car la présidente du PDL ne doute pas de son destin politique.
«En Tunisie, il y a encore des gens qui n’acceptent pas la femme en politique et qui vont jusqu’à m’insulter parce que je suis une femme. Ils croient m’humilier et humilier mes partisans, en leur reprochant d’être derrière… une femme», a encore indiqué la présidente du PDL, sous les applaudissements des présents.
L’attaque, dimanche dernier, est un acte grave, qui a été dénoncé par la plupart des responsables politiques et des Tunisiens en général, même ceux et celles qui ne portent pas dans leur cœur Mme Moussi, une rescapée de l’ancien régime, mais cela semble avoir eu un effet dopant sur la présidente du PDL, qui se voit déjà à Carthage et voit également, à chaque tournant de rue, une foule de gens malveillants complotant pour l’empêcher d’accomplir son destin présidentiel.
Abir Moussi, sur son grand cheval, à la conquête de Kalaa Kebira (Vidéo)
Sondage : Youssef Chahed sauve la mise face à la montée des populistes
Donnez votre avis