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Ennahdha, Qalb Tounes et leur théâtre d’ombres…

Ennahdha et Qalb Tounes veulent mettre en place à la Kasbah une équipe chargée, non pas de sortir la Tunisie de la crise, de relancer l’investissement et la croissance et de redonner espoir aux Tunisiens et aux Tunisiennes, mais de… faire égarer, dans les méandres de la justice, les dossiers des poursuites judiciaires contre les islamistes et leurs alliés, et leur assurer, si possible, l’impunité.

Par Ridha Kéfi

Quoiqu’on en dise, Ennahdha a le mérite de la clarté : car, même quand ils mentent, et cela leur arrive très souvent, ses dirigeants trahissent la vérité qu’ils s’échinent à vouloir cacher.

Il faut dire qu’au bout de neuf ans d’accaparement du pouvoir et de gestion catastrophique des affaires publiques ayant mené le pays au bord de la faillite, les Tunisiens ont appris à débusquer leurs dissimulations, leurs dérobades et leurs mensonges, dont la mesquinerie le dispute à la sottise. Comme des enfants ayant commis des bêtises qu’ils cherchent à cacher, ils se mettent à débiter des mensonges plus gros les uns que les autres, s’enfonçant chaque jour davantage et repoussant l’heure fatidique où ils devront rendre des comptes, car un jour viendra (et il s’approche à grand pas) où ils devront rendre compte sinon des crimes qu’ils ont commis, du moins de tous les abus que leurs adversaires leur imputent dans la gestion des affaires du pays.

Dans les méandres puants du népotisme et de la corruption

Dernière sottise en date commise par les islamistes et dont les conséquences vont être graves pour la Tunisie : ils ont désigné à la tête du gouvernement une marionnette, Habib Jemli, un homme soit disant indépendant, sans diplômes, sans compétence reconnue, sans expérience de la gestion des affaires publiques, et sans charisme l’habilitant à diriger un gouvernement, c’est-à-dire une équipe d’hommes et de femmes tous plus calés et plus chevronnés que lui, et dont la seule mission sera d’exécuter les basses besognes de Rached Ghannouchi, gourou malfaisant, et de sa bande de malfaiteurs cherchant l’impunité et s’enfonçant, chaque jour davantage, dans les méandres puants du népotisme et de la corruption.

L’épilogue n’est pas difficile à imaginer : une banqueroute dont on voit déjà les signes avant-coureurs.

Hier, lundi 23 décembre 2019, Habib Jemli, gonflé à bloc par son «créateur», un Rached Ghannouchi plus manœuvrer que jamais, a quitté en catastrophe la réunion au Palais de Carthage avec le président de la république, Kaïs Saïed, et les chefs des quatre partis Ennahdha (Rached Ghannouchi), Attayar (Mohamed Abbou), Echaâb (Zouhair Maghzaoui) et Tahya Tounes (Youssef Chahed), et qui visait à rapprocher les points de vue et à inciter les présents à constituer une coalition gouvernementale, excluant Qalb Tounes, le parti de Nabil Karoui, le magnat des médias poursuivi en justice pour fraude fiscale, corruption financière et blanchiment d’argent.

Une comédie destinée à tromper l’opinion publique

La réunion ayant été écourtée par le chef de l’Etat, qui fit face à l’occasion à un Ghannouchi plus déterminé que jamais à s’allier avec Nabil Karoui et à faire échouer toute tentative d’écarter ce dernier des négociations, M. Jemli, tel un serviteur anticipant les desiderata de son maître, a fait un saut à Dar Dhiafa pour annoncer à la presse que «sa» décision est prise : il va constituer un gouvernement de compétences indépendantes des partis.

Divine surprise : c’est exactement ce que préconise Qalb Tounes depuis le début des négociations pour la constitution du gouvernement et ce que proposait Rached Ghannouchi peu de temps auparavant.

Le «très indépendant» M. Jemli nous apporte là, s’il en est encore besoin, la preuve irréfutable de son assujettissement à Ennahdha et à son allié Qalb Tounes, et renforce notre conviction que les négociations n’ont été, depuis le début, qu’une comédie destinée à tromper l’opinion publique, un écran de fumée pour masquer la manœuvre consistant à mettre en place, à la Kasbah, une équipe chargée, non pas de sortir la Tunisie de la crise, de relancer l’investissement et la croissance et de redonner espoir au Tunisiens et aux Tunisiennes, mais un groupe de subalternes ou de serviles opportunistes qui va s’employer à faire égarer, dans les méandres de la justice, les dossiers des poursuites judiciaires contre les Nahdhaouis et leurs alliés de circonstance, et assurer l’impunité à tous ces honnêtes gens .

Dans ce contexte, le fait que Rafik Abdessalem Bouchlaka, gendre de M. Ghannouchi, poursuivi en justice dans deux affaires de corruption, soit le plus fervent défenseur, au sein d’Ennahdha, de l’alliance avec Nabil Karoui, qui a lui aussi maille à partir avec la justice, explique tout ce théâtre d’ombre auquel nous assistons depuis plusieurs semaines et qui va finir par faire sombrer la Tunisie dans une ère de désordre et d’instabilité où l’obscurantisme conjugué à la corruption, finiront par détruire ce qui reste encore de beau, d’intelligent et d’intègre dans ce pays.

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