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Attentat à Nice : la Tunisie entre le prophète et les coupeurs de têtes…

La France restera toujours ce qu’elle est sur l’échiquier international, un grand pays incontournable. Les islamistes ne seront jamais rien de plus que des pions appelés à disparaître, une fois accomplie la mission qui leur aura été impartie, celle de susciter partout des troubles et des guerres. Et un Etat comme la Tunisie, noyauté par les islamistes, sera toujours dénué sur la scène internationale de toute crédibilité dans l’étalage d’une aléatoire volonté de paix et de progrès.

Par Mounir Hanablia *

Un homme, un immigré tunisien de 21 ans entré en France de fraîche date dit-on, s’est introduit, jeudi matin, 29 octobre 2020, dans une Eglise à Nice et a tué à l’arme blanche trois personnes. L’une des victimes aurait été décapitée. Un suspect, blessé par la police, a été arrêté puis emmené à l’hôpital.

Encore une fois, on a évoqué une scène d’horreur. Le ministre de l’Intérieur français a déclaré qu’au moment des faits, l’auteur de l’attaque a crié «Allahou akbar», ce qu’une vidéo de la police diffusée par les médias montrait clairement. Cela, en soi, ne veut rien dire, mis à part que le credo musulman est devenu, dans le monde entier, synonyme d’acte de terreur.

Les caricatures de Mohamed devenue l’enjeu d’un affrontement

Cette nouvelle attaque prouve s’il fallait encore le faire que l’Etat français fait face à une organisation terroriste disposant d’exécutants prêts à tuer des innocents et à sacrifier leurs propres vies. L’enquête prouvera probablement, selon un schéma immuable, l’existence d’un cerveau tourmenté pour accorder la fatwa fatidique, et d’un autre, dérangé, pour l’exécuter.

Cette succession de tueries démontre que l’affaire des caricatures du prophète Mohamed est désormais devenue l’enjeu d’un affrontement, qui voit une internationale terroriste utilisant des moyens de propagande puissants, essayer d’imposer ses normes et sa volonté à un Etat souverain, au risque d’une guerre, et d’une expulsion de masse. Une campagne avait même été lancée dans plusieurs pays musulmans appelant au boycott des produits français. Pourquoi l’Etat français est-il ainsi spécifiquement visé ?

Il y a quelques mois, un fait divers particulièrement cruel survenu en Suède avait entraîné des profanations multiples du Coran par les racistes suédois, soutenus par leurs camarades danois, et publiées sur les réseaux sociaux. Il y avait eu des affrontements à Malmö entre de jeunes immigrés et la police suédoise. Mais cet incident là, intrinsèquement beaucoup plus grave puisque touchant au Coran, n’avait fort heureusement eu aucun impact dans le monde musulman. Les organisations islamistes, la chaîne Al-Jazeera, ou Erdogan, n’avaient pas alors jugé utile de battre leurs tambours de guerre, à la différence de ce qui s’est passé plus tard avec l’exécution rituelle du professeur français Samuel Paty. Mais il faut dire que ce type de réactions avait débuté avec les caricatures danoises il y a des années.

Evidemment à la différence de la Suède, la France traîne avec elle dans le monde arabo-musulman son passif de puissance coloniale que les populistes de tous poils ont beau jeu de ressortir des tiroirs chaque fois que le besoin s’en fait sentir. Il y a ensuite les interventions de l’armée française, en Libye, au Mali, et les soutiens accordés à la Grèce, à l’Arménie, ainsi que les ventes d’armes aux Emirats et à l’Arabie Saoudite dans leur guerre au Yémen. Le pays qui s’est le plus trouvé confronté à l’interventionnisme français depuis quelques mois est bien évidemment la Turquie, celui qui avec le Qatar entretient les liens les plus étroits avec l’organisation internationale des Frères Musulmans et le parti Ennahdha en Tunisie.

Le terrorisme actuel frappe électivement la France

Mais il ne faut pas oublier que d’autres pays œuvrent inlassablement à supplanter la France dans ses anciennes colonies, et il faut citer à ce propos les Etats-Unis d’Amérique, la Chine, mais aussi Israël , qui vend des armes à l’Azerbaïdjan dans sa guerre avec l’Arménie, qui réalise actuellement une remarquable percée diplomatique, et qui après avoir normalisé ses relations avec les Emirats et le Bahreïn, puis récemment le Soudan, mène actuellement des pourparlers pour un accord définitif sur les frontières avec le Liban.

Pour des islamistes il y aurait à priori beaucoup plus de raisons de perpétrer ce genre d’attaques sur le sol ou contre des intérêts américains. Bien entendu l’histoire a prouvé que les Etats Unis avaient été impliqués dans les années 70 dans des attentats terroristes perpétrés dans des pays amis ou alliés, à l’instar de l’Italie. Même si le président Erdogan a condamné l’attentat de Nice et présenté ses condoléances aux familles, il demeure plausible que le terrorisme actuel qui frappe électivement la France, implique d’une manière ou d’une autre la Turquie, un pays de l’Otan, il ne faut pas l’oublier, par le biais de ses réseaux Frères musulmans actifs sur le territoire français, même si aucune preuve ne vient encore étayer cette hypothèse. Mais il faut se souvenir qu’en 1986 déjà Paris avait été le siège de multiples attentats du fait du soutien militaire que le gouvernement français apportait alors à l’Irak de Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran, et ce dernier y avait eu recours afin de le dissuader de poursuivre son aide.

Les attentats terroristes seraient donc la manière traditionnelle avec laquelle les adversaires de la France marqueraient leur mécontentement de sa politique, en particulier au Moyen Orient.

Les visées géostratégiques de la Turquie d’Erdogan

Qu’est ce qu’Erdogan voudrait obtenir de la France ? Evidemment et avant tout la protection de ses positions en Libye, dont il dépendra pour ses approvisionnements en hydrocarbures, la Turquie étant encerclée en mer Egée et ne disposant que de peu de liberté de manœuvre. Le pays voisin de la Libye où Erdogan dispose d’amis sûrs, en l’occurrence islamistes, n’est autre que la Tunisie. Avec la base aéronavale de Bizerte sous son contrôle, Erdogan aurait la capacité de déployer sa flotte en Méditerranée occidentale, de protéger son armée et ses voies de communication, en détectant, sinon en entravant, tout mouvement de navires vers la Méditerranée orientale qu’il jugerait hostiles; autrement dit tout navire français.

Avec son lac de 12 km de diamètre, son goulet de 8 km, son arsenal, son port, le Djebel Ichkeul, qui présente des capacités de stockage supérieures à celles de Gibraltar, Bizerte était dans les années 50 destinée à devenir une importante base aéronavale de l’Otan, contrôlant le détroit de Sicile. D’importants travaux de réaménagement avaient été entrepris pour développer ses capacités de ravitaillement des navires de guerre, de stockage en armements et en hydrocarbures, ainsi que son approvisionnement autonome en eau et en électricité. C’est l’insistance du gouvernement tunisien à rétablir sa souveraineté sur l’ensemble de la ville et des installations de la base qui, à l’indépendance, avait finalement convaincu l’Otan de renoncer à ce projet. Et on sait que seule la bataille de Bizerte, deux années après son déroulement, avait finalement eu raison de l’entêtement du Général De Gaulle à garder la ville et la base sous souveraineté française, même s’il a plus tard affirmé, pour gêner le président Bourguiba, qu’il n’en avait jamais contesté l’appartenance à la Tunisie.

Les visites nocturnes du président Kais Saied à la base militaire de la ville sur lesquelles on s’était beaucoup interrogé, la déclaration du ministre italien des Affaires étrangères affirmant que la Tunisie était une menace pour la sécurité nationale de son pays, expliqueraient alors bien des choses. Et même l’agression du député Ahmed Mouha aurait quelque signification, en attendant d’en savoir plus sur l’identité et le mobile de ses agresseurs.

Les islamistes ne seront jamais rien de plus que des pions

Il y a donc sans doute quelque raison de dire que les attentats terroristes en France risquent d’avoir aussi pour enjeu la sécurité nationale de la Tunisie. Le déficit financier de notre pays est devenu à ce point abyssal, dans un Etat qui n’a pas la volonté d’assurer le contrôle de l’exploitation de ses ressources naturelles (phosphates, pétrole), qu’il est permis de se demander si la solution à ses problèmes ne va pas résider dans l’hypothèque de sa souveraineté nationale, comme cela fut le cas en 1881.

Il n’en est que plus nécessaire que l’Etat tunisien se situe dès le départ dans la lutte contre le terrorisme, non pas en s’associant à des entreprises démagogiques de diversion, telles que la défense du prophète Mohamed, mais en prenant les mesures concrètes contre toute menace relative à sa souveraineté, et à l’intégrité territoriale du pays. Il va sans dire que les instigateurs du terrorisme n’ayant aucune chance de l’emporter, contre un Etat dans toute sa rigueur tel que l’est l’Etat français, il convient pour l’Etat tunisien de se situer dès à présent dans le camp du vainqueur, et de la manière la plus claire.

La France restera toujours ce qu’elle est sur l’échiquier international, un grand pays incontournable. Les islamistes ne seront jamais rien de plus que des pions appelés à disparaître, une fois accomplie la mission qui leur aura été impartie, celle de susciter partout des troubles et des guerres. Et un Etat noyauté par les islamistes sera toujours dénué sur la scène internationale de toute crédibilité dans l’étalage d’une aléatoire volonté de paix et de progrès.

* Cardiologue, Gammarth, La Marsa.

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