Nous assistons en Tunisie depuis quelques jours à une accélération inquiétante des cas de contamination par la Covid-19, accompagnée d’une augmentation du nombre de décès journaliers, témoin que les prochains jours seront très durs. Alors que les vaccins tardent à venir et que le dispositif de vaccination n’est pas encore en place.
Par Dr Faouzi Addad *
Les 15 prochains jours seront probablement les plus difficiles pour notre pays. Avec une population 10 fois plus faible que celle du Japon et une mortalité 16 fois plus élevée, on voit que le «miracle tunisien» n’a pas eu lieu. De quoi nous inciter à être humbles devant l’infiniment petit.
Les mesures entreprises dernièrement ne donnent plus aucun effet et cela est pratiquement constant dans la plupart des pays au monde. Cela explique la course à la vaccination «pour tous» engagée un peu partout.
La preuve par le nombre
La France vient d’ajuster sa stratégie vaccinale en faisant vacciner 5000 personnes en une seule journée suite à la pression des politiques qualifiant le début de la campagne de «scandale d’Etat». Aussi, les critères initiaux pour se faire vacciner ont-ils été complètement révisés et le nombre de personnes vaccinées par jour devenu le seul comparateur entre pays.
En Tunisie, notre compteur national est encore à zéro et il risque de le rester encore pour longtemps vu la pression des pays riches sur les laboratoires pharmaceutiques pour se faire livrer les doses de vaccin nécessaires à leurs populations respectives. Cette course pour le vaccin était prévue et l’inégalité des chances entre les pays aussi.
Nous allons atteindre, dans moins de 48h, les 5000 décès et plus de 150.000 contaminations, dans une indifférence hallucinante des autorités et on voit que la préoccupation de nos politiques est autre en ce moment. Or la gestion de cette épidémie ne peut être du seul ressort du ministère de la Santé. Sans une coordination au plus haut niveau de l’Etat, il sera difficile de limiter les dégâts, alors que l’esprit des responsables est encore ailleurs.
Pour une démarche citoyenne collective
Nous devons compter sur une démarche citoyenne collective pour sortir avec le moins de perte possible de cette épidémie. Limitons nos déplacements au strict minimum, évitons les rassemblements de plus de 10 personnes et observons plus strictement les gestes barrières.
En attendant, la véritable question du moment, en Tunisie, n’est pas de savoir qui devra recevoir le vaccin mais quand arrivera-t-il? Ensuite les priorités sont connues de tous et l’expérience montre que comme la finalité c’est de vacciner tout le monde ou le plus grand nombre, le plus important c’est de faire vite. Normalement, on devrait déjà être sur des listes liées à un centre vaccinal. Ce qui est encore loin d’être le cas.
La situation épidémique des grandes nations est très inquiétante avec un nouveau record de morts aux Etats-Unis, avec même un appel pour ne plus ramener les cas désespérés aux hôpitaux afin de les laisser mourir chez eux.
En Tunisie, il doit y avoir une stratégie claire, un monsieur vaccin, et une logistique protégée par nos forces de sécurité afin d’éviter les bousculades au jour J. Nous avons encore une chance de prouver que notre pays sera capable de vacciner le plus grand nombre de citoyens en peu de temps. C’est du moins mon souhait. Il faut s’y préparer dès maintenant avec des opérations blanches, quitte à prendre même deux jours chômés pour la vaccination. On doit innover et être à la hauteur de l’événement.
* Professeur en cardiologie.
Donnez votre avis