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Safi Saïd à Rached Ghannouchi : «Sortez par la grande porte !»

Dans une déclaration par téléphone à l’émission 7-9 sur IFM, hier, mardi 11 mai 2021, le député indépendant Safi Saïd a chargé le président du parti islamiste Ennahdha et, accessoirement, président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), en lui conseillant de «sortir par la grande porte».

Par Imed Bahri

Cette sortie a été d’autant plus remarquée que c’est la première fois que le journaliste et écrivain s’attaque frontalement et d’une manière aussi brutale au chef islamiste qu’il avait pris soin jusque-là de ménager.

Après avoir critiqué la constitution et la loi électorale, ainsi que le système politique que celles-ci ont enfanté, pointant du doigt les querelles intestines opposant les trois piliers de l’Etat, à savoir le président de la république Kaïs Saïed, le chef du gouvernement Hichem Mechichi et le président de l’Assemblée Rached Ghannouchi, qui paralysent la vie politique dans le pays et aggravent la crise économique, sociale et sanitaire, Safi Saïd a réservé sa plus forte charge au chef islamiste.

«On n’a pas élu Saïed pour qu’il fasse ses prières»

«On n’a pas élu Kaïs Saïed, le premier responsable de la crise dans le pays, pour qu’il fasse ses prières», a-t-il dit, raillant la propension du chef de l’Etat à faire le tour des mosquées de la république pour s’afficher en train de faire ses prières. «Il devait rassembler et non diviser comme il le fait. Et c’est nous les fautifs car nous l’avons naïvement élu», a-t-il ajouté.

Le journaliste n’a pas été tendre non plus envers Hichem Mechichi : «C’est un simple fonctionnaire, et un mauvais fonctionnaire. Dès le premier jour de ramadan, il s’est mis à mendier aux portes des banques», a-t-il déclaré, par allusion aux prêts que sollicite le gouvernement auprès des établissements financiers et des bailleurs de fonds internationaux pour boucler le budget de l’Etat pour l’exercice en cours. «La crise est aujourd’hui générale et structurelle et nous n’avons pas une élite capable d’y faire face», a tranché Safi Saïd avec son franc-parler habituel.

Safi Saïd a-t-il désespéré du soutien des islamistes ?

Interrogé sur les raisons de son indulgence à l’égard d’Ennahdha et de son président, puisqu’il a souvent ménagé, dans ses déclarations antérieures, les parti islamiste et ses dirigeants et s’est gardé de voter la motion de défiance à l’encontre Rached Ghannouchi, considéré par un grand nombre de députés comme le principal responsable des dysfonctionnements de l’Assemblée et des interminables querelles qui perturbent ses travaux, Safi Saïd s’est énervé et lancé, comme pour se racheter au regard de l’opinion : «Je dis toujours ce que je pense et je ne fais pas de calcul. Ghannouchi, je lui dis en face : ‘‘Sors par la grande porte avant qu’ils ne te fassent sortir par la petite porte.’’»

Des analystes ont souvent reproché à Safi Saïd la virulence de ses critiques adressées à la plupart des acteurs politiques et sa complaisance vis-à-vis de Rached Ghannouchi, estimant que ses appels du pied en direction des islamistes visent à gagner ces derniers à sa cause et les inciter à voter pour lui lors des prochaines présidentielles auxquelles il ne cache pas son intention de se présenter.

Ayant rompu avec le mouvement Echaab, dont il partage l’idéologie nationaliste arabe, Safi a en effet esquissé un timide rapprochement des islamistes, mais cette démarche semble avoir achoppé à de fortes divergences idéologiques et à une incompatibilité d’humeur, les islamistes préférant jeter leur dévolu sur des personnalités plus consensuelles et moins sulfureuses que Safi Saïd, un électron libre qui pourrait, une fois élu, se retourner contre eux.

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