Accueil » La Tunisie et le casse-tête des dépenses de compensation

La Tunisie et le casse-tête des dépenses de compensation

En recevant Najla Bouden, le président Saïed affirme avoir signé la loi de finances 2022… « malgré le fait qu’elle comportait des choix peu convaincants » (sic!) Lui a-t-on mis le couteau sous la gorge ?

La Tunisie a besoin d’un taux de croissance d’au moins 7% par an pendant 10 ans pour pouvoir éponger sa dette et résorber le chômage. Tant que la croissance n’est pas relancée et qu’on reste dans la stagflation (croissance faible + forte inflation) rien ne va changer et 5 mois après l’annonce des mesures d’exception, le 25 juillet 2021, rien n’augure d’une normalisation politique ni d’une reprise économique. En tout cas, rien n’est fait pour relancer la croissance.

Par Chedly Mamoghli *

Et à propos de la loi de finances 2022, on y constate que le budget de l’Etat va continuer à être bouffé par le paiement de la dette et des dépenses de la compensation, en plus bien entendu de la masse salariale du secteur public qui continue de grossir.

Comment avec un budget de la compensation qui augmente de 20% et une masse salariale de 6%, comme cela est prévu par la loi de finances 2022, le FMI va-t-il accepter de débloquer les aides que la Tunisie espère obtenir alors que l’organisation financière internationale fait de la baisse des dépenses de la compensation et de celles de la masse salariale des conditions sine qua non? Dites-nous comment?

Le ciblage des aides de l’Etat en question

Pourquoi ne pas commencer ENFIN la mise en place du ciblage des aides de l’Etat aux catégories pauvres de la population sous forme de compensations financières? Pourquoi ne pas le commencer déjà par le carburant pour les véhicules? Est-ce normal que le propriétaire d’une Porsche paye le même prix de carburant que celui qui possède une Peugeot 206? Le proprio d’une Porshe a-t-il besoin de la compensation du carburant? Est-ce que pour la vignette automobile, tout le monde paye le même prix? Bien sûr que non, il y a 7 catégories. Pour la compensation du carburant, il doit y avoir aussi des catégories. Plus la catégorie est importante, moins le proprio bénéficie de la compensation jusqu’à ne plus en bénéficier quand il appartient aux catégories les plus importantes.

Est-ce également normal que les véhicules libyens et il y en a tellement qui circulent en Tunisie ou les voitures du corps diplomatique étranger accrédité en Tunisie bénéficient de la compensation du carburant? Cela s’appelle jeter l’argent par la fenêtre. Après, vous nous dites que l’Etat est en faillite et vous étranglez la classe moyenne qui suffoque et n’en peut plus tellement son pouvoir d’achat s’est effondré depuis 2011 en perdant, selon les estimations des experts, 40% de sa valeur en 10 ans!

Commencez le ciblage de la compensation pour le carburant puis étendez-la aux autres produits.

Les raisons de la faillite de l’Etat

Autre idée à mettre en œuvre, faites des audits approfondis dans les entreprises publiques et que chacun assume ses responsabilités et vous verrez les milliards volés et détournés. L’Etat gagnera beaucoup après.

Réglez aussi le problème du port de Radès où les pénalités payés aux bateaux qui restent en rade longtemps, en attendant que les fournisseurs soient payés, coûtent un milliard de dinars par an à l’Etat.

Monsieur le président de la république, utilisez votre grande popularité pour faire appliquer ces mesures concrètes. Arrêtons de parler pour rien. Ce n’est pas avec la parlotte que l’on va régler les problèmes du pays. Appliquez ce genre de mesures concrètes. Les solutions existent, il faut foncer. Il suffit d’un peu de volonté et de détermination.

Que les pleins pouvoirs que s’est accordé Kaïs Saïed servent efficacement et rapidement à quelque chose et qu’ils soient utilisés dans des décisions salutaires ! Que les ministres lui fassent des propositions ! Ils servent à quoi sinon? Des valises de diplômes, des CV longs comme un bras, des titres pompeux, de la frime… et ils sont incapables d’accoucher de la moindre idée pouvant servir utilement le pays ?

* Juriste.

Articles du même auteur dans Kapitalis :

La Tunisie ne peut pas s’offrir le luxe de la lenteur

Où Kaïs Saïed mène-t-il la Tunisie?

Le Qatar, État satellite des Etats-Unis

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.