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Rapport de l’OCDE sur la Tunisie : Comment sortir de la crise…

Les rapports sur la Tunisie se suivent… mais ne se ressemblent pas. Celui qui vient d’être publié par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) mérite d’être lu. Il est plein de «recommandations» positives pour notre pays qui traverse une grave crise économique et financière.

Par Samir Gharbi

Dans son préambule, le rapport écrit ceci : «Les Tunisiens sont confrontés à la pire crise depuis une génération, conséquence du Covid-19, frappant une économie qui ralentissait déjà. Les politiques macroéconomiques ont limité la gravité de la récession, mais la pandémie a exacerbé les faiblesses structurelles, en particulier le faible taux d’investissement et de création d’emplois, le chômage élevé et l’informalité, l’inadéquation entre la demande et l’offre de compétences et l’émigration des professionnels hautement qualifiés. Les enfants, qui ont été privés d’école pendant une longue période, devront faire face à de vrais défis pour reprendre une vie normale. La deuxième Étude économique de l’Ocde fait le point sur les progrès réalisés depuis 2018 et émet des recommandations dans des domaines politiques clés tels que les dépenses publiques, les entreprises publiques, l’emploi, l’éducation, la formation professionnelle, le commerce, la fiscalité et l’environnement des affaires. La mise en œuvre de telles réformes produirait un dividende de croissance important et mettrait la dette publique sur une trajectoire plus soutenable. Mais si des mesures courageuses ne sont pas prises rapidement, la crise aura un effet durable sur le potentiel de la Tunisie à reprendre son processus de convergence des revenus.»

Démocratie, économie de marché et libre-échange

Voilà pour vous donner un avant-goût de ce rapport de 164 pages et vous donner ainsi envie de le lire, mais avant de vous en présenter le contenu dans une série d’articles, il me faut, par politesse, vous parler d’abord de l’auteur… *

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dont le siège est à Paris, comprend 38 pays, tous dits «développés» (conformément aux normes libérales de l’OCDE), le 38e est le Costa Rica (adhésion en mai 2021). Elle ne compte aucun pays africain, ni arabe. La Turquie en est membre depuis août 1961 et Israël depuis septembre 2010. Elle compte des «partenaires clés» (parmi les autres grandes économies): l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Inde et l’Indonésie. Actuellement, six pays négocient leur adhésion: l’Argentine, le Brésil, la Bulgarie, la Croatie, le Pérou et la Roumanie.

L’OCDE représente près de 20% des pays de la planète, mais environ 80% de l’économie mondiale. Elle est ouverte à tous les pays du monde… Mais l’adhésion n’est pas une simple formalité. C’est le résultat d’un processus d’examen des plus rigoureux. Une feuille de route va définir les modalités, les conditions et le processus d’adhésion. Elle liste les «examens techniques» à passer dans tous les domaines politiques, juridiques, économiques, financiers, commerciaux… Le candidat devra jugé «apte» à s’aligner sur les pratiques recommandées par l’OCDE, notamment en matière de gouvernance démocratique, d’économie de marché et de libre-échange.

Conseil, analyse, prévision, études et coopération internationale

Mais, il faut savoir que l’OCDE joue essentiellement un rôle de conseil, d’analyse, de prévision, d’études et de coopération internationale. Elle assure notamment des fonctions de contrôle (paradis fiscaux, blanchiment de capitaux, concurrence…) et de promotion de l’aide au développement (dont elle centralise les statistiques mondiales). Elle publie entre 300 et 500 rapports chaque année en anglais. La plupart sont traduits en français. Ces centaines de chercheurs s’appuient sa une base de données la plus fournie du monde.

Ces études périodiques permettent d’avoir une revue exhaustive et le plus à jour possible. Elles dressent le bilan des réformes passées, donnent des résumés synthétiques et offrent des recommandations fiables. Il en est ainsi de la dernière étude sur la Tunisie (avril 2022), qui fait suite à celle de 2018.

Les autorités nationales ont été associées aux différences phases et à l’examen du projet de rapport final (décembre 2021). C’est dire que rien n’est laissé au hasard. Aux autorités locales de diffuser le plus largement possible le rapport, de le vulgariser et de mettre en œuvre ce qui est possible, ce qui est le mieux adapté aux circonstances nationales.

L’OCDE s’appuie sur des connaissances accumulées en «60 ans d’expérience». Son leitmotiv est de «promouvoir des politiques publiques qui favorisent la prospérité, l’égalité des chances et le bien-être pour tous, dans un monde meilleur».

Pour les pays non membres – l’ex Tiers monde – l’OCDE a mis en place un organe dédié, le Centre de développement, qui comprend des pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. L’objectif est d’aider les décideurs de ces pays à concevoir des solutions «innovantes» à mettre en œuvre pour stimuler la croissance et améliorer les conditions de vie de leurs citoyens en réduisant la pauvreté et les inégalités. A la différence du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM), les recommandations ne sont liées à aucun programme de prêts conditionnels.

En lisant attentivement le rapport sur la Tunisie (164 pages), chacun, décideur politique, entrepreneur, banquier, chercheur, syndicaliste, jeune promoteur, journaliste… peut y trouver des idées pour agir… à la fois dans son propre intérêt et celui du pays.

* Le prochain article analysera la problématique du chômage en Tunisie.

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