Malgré l’entente de façade souvent affichée, les centrales patronale et syndicale ont généralement des désaccords de fond sur la plupart des sujets touchant aux réformes économiques en Tunisie. La preuve nous a été fournie encore une fois par la déclaration faite aux médias, aujourd’hui, samedi 14 mai 2022, à Hammamet, par Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Dans une déclaration faite à l’issue des travaux de la Fédération générale du pétrole relevant de son organisation, M. Taboubi a dit que Samir Majoul, le président de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), avait conseillé à l’organisation syndicale de laisser privatiser les entreprises publiques.
«Majoul m’a littéralement dit que le syndicat sortirait gagnant de la privatisation des entreprises publiques», a déclaré M. Taboubi, sachant que l’UGTT s’oppose fermement à la privatisation, totale ou partielle, des entreprises publiques, même celles opérant dans les secteurs concurrentiels, Ndlr), alors que la majorité de ces entreprises sont largement déficitaires et constituent un lourd fardeau pour les finances publiques, l’Etat déboursant des centaines de millions de dinars chaque année pour leur permettre de continuer à exister… artificiellement et sous perfusion.
C’est sans doute à cela que pense M. Majoul en allant de son conseil, mais il ne faut pas perdre de vue le fait que la position de l’UGTT vis-à-vis de la privatisation est purement opportuniste, car la centrale syndicale tire l’essentiel de sa base de ce secteur qu’elle tient ainsi en otage. Et pour cause : il est sa raison d’être et son assurance vie.
M. Taboubi répond à M. Majoul en ces termes : «Vos conseils, gardez-les pour vous ! Vous serez mieux inspiré de conseiller aux membres de votre organisation de payer leurs redevances fiscales à l’État!» Et d’ajouter : «Le gain qui viendrait de vous, nous n’en avons pas besoin!» Ambiance…
Et dire que le gouvernement tunisien, qui sollicite un nouveau prêt du Fonds monétaire international (FMI) de quelque 4 milliards de dollars, s’est engagé auprès de ses prêteurs de mettre œuvre des réformes économiques, notamment la maîtrise de la masse salariale dans le secteur public, la réforme du système de compensation et la restructuration des entreprises publiques en quasi-faillite, catégoriquement rejetées par l’UGTT.
I. B.
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