Officiellement, le parti du Courant populaire (Attayar Al-Chaabi), qui ne fait pas mystère de sa tendance nationaliste arabe, soutient le président de la république Kaïs Saïed, mais pas au point de lui «pardonner» un écart vis-à-vis de l’un de ses dogmes constitutifs, à savoir le rejet de toute forme de normalisation des relations de la Tunisie avec Israël.
Dans un communiqué publié jeudi 19 mai 2022, le Courant populaire a déclaré que «le pèlerinage de la synagogue de la Ghriba (organisé du 16 au 18 mai, à Djerba, Ndlr) s’est transformé en une occasion annuelle pour approfondir la normalisation avec l’entité ennemie et une opportunité pour ses éléments terroristes les plus dangereux d’entrer dans notre pays, ce qui s’est également produit lors du pèlerinage de cette année, en plus de la présence d’éléments tunisiens non juifs qui coopèrent avec l’entité sioniste ennemie».
Dans le même communiqué, le Courant populaire, présidé par Zouhair Hamdi, a «réaffirmé son attachement à une loi criminalisant la normalisation avec l’entité ennemie pour, d’une part, mettre fin à ce grave crime, et d’autre part, pour protéger la sécurité nationale de notre pays, qui est soumis au sabotage sécuritaire, économique, politique et culturel.»
Tout en soulignant la nécessité de demander des comptes à tous ceux qui tolèrent l’entrée d’éléments sionistes dans notre pays sous de fausses bannières, le Courant populaire a indiqué que «ces éléments n’ont rien à voir avec la liberté de croyance; ce sont plutôt des bandes de criminels censés être poursuivis devant les juridictions internationales et non être reçus comme des hôtes.»
Le parti a ajouté que sa résistance à la normalisation et aux normalisateurs avec Israël, «en les poursuivant judiciairement et en les isolant politiquement, socialement et dans les médias, est une option irréversible jusqu’à ce qu’elle devienne une politique d’État en Tunisie», ajoutant qu’il «œuvrera avec tous les patriotes pour faire criminaliser la normalisation avec l’entité ennemie dans la législation tunisienne.»
«La criminalisation de la normalisation avec Israël découle d’une prise de conscience du fait que la résistance à l’ennemi sioniste est au cœur du projet national souverain et au centre de l’affrontement stratégique avec les forces hégémoniques et leurs agents locaux, qui jouent ensemble un rôle clé dans la reproduction du sous-développement, de l’exploitation, de la pauvreté et du chômage», explique le Courant populaire, en rappelant que «les expériences des pays arabes qui ont normalisé (avec Israël, Ndlr) depuis des décennies n’ont récolté que le mirage des promesses de financement et d’investissement. Leurs conditions économiques, sociales, culturelles et sécuritaires se sont, au contraire, dégradées».
Le Courant populaire a renouvelé, par la même occasion, son appel à «l’adoption d’une politique étrangère fondée sur des partenariats stratégiques avec les pays maghrébins, arabes et africains et avec les groupes économiques émergents de l’Est, pour faire face aux pressions extérieures auxquelles le pays est exposé, et de libérer les échanges économiques de la Tunisie de la dépendance des forces hégémoniques occidentales qui ont trahi les espoirs du peuple pendant des décennies.»
I. B.
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