Sghaier Zakraoui, chef de département du droit public à la Faculté de droit et des sciences politiques de Tunis, était parmi les plus fervents défenseurs de son ancien collègue, le président de la république Kaïs Saïed. Aujourd’hui, il émet plus que de simples réserves, non pas sur les réformes politiques qu’il cherche à faire passer, et qui sont nécessaires, mais sur la manière quelque peu cavalière avec laquelle il opère.
La publication, au Journal officiel de la république tunisienne (Jort) du décret de convocation des électeurs le 25 juillet 2022 pour le référendum sur la nouvelle constitution en même temps que la présentation d’une première version de la loi fondamentale aurait été plus appropriée, a-t-il estimé, jeudi, dans une déclaration à l’agence Tap. Or, le projet de la nouvelle constitution sera publié par un autre décret dans un délai ne dépassant pas le 30 juin 2022. En s’empressant de publier le décret convoquant les électeurs à la date du 25 mai, le président de la république a voulu respecter les délais légaux, a-t-il estimé.
Rédiger une constitution en un mois est «infaisable»
Pour Sghaier Zakraoui, rédiger une constitution en un mois est «infaisable sauf si celle-ci est déjà prête».
Il a, par ailleurs, critiqué la désignation «sans les avoir consultés au préalable» des directeurs et doyens des instituts et facultés de droit et de sciences juridiques et politiques au sein de la Commission consultative juridique.
D’après lui, ces universitaires «refusent de faire partie de ladite commission et ont déjà signifié leur refus» au président de la république. Ils estiment que leur désignation est «supposée apporter une légitimité» au processus du président Saïed qu’ils qualifient d’«unilatéral» et «voué à l’échec».
Kaïs Saïed préfère faire «cavalier seul»
Sghaier Zakraoui s’est dit persuadé que le président de la république veut être le seul maitre à bord. «Il agit seul, sans consulter personne», a-t-il affirmé, en ajoutant qu’il avait soutenu, dans un premier temps, le président Saïed et le processus du 25 juillet 2021 pour lui proposer des idées qui pourraient être utiles et capables de faire sortir le pays de la crise à laquelle il fait face. Mais, il a préféré faire «cavalier seul», a-t-il regretté.
Pour Sghaier Zakraoui, la société civile, les partis politiques et les organisations nationales devraient prendre part au dialogue national, qui doit être participatif et rassembleur. La démocratie repose par définition sur les partis politiques, que le chef de l’Etat semble tenir en suspicion.
Le chef de l’Etat ne croit pas en la démocratie représentative, il propose une construction démocratique à partir de la base, a-t-il relevé.
D’après Tap.
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