Il est tout de même inquiétant de voir la question du droit à l’avortement provoquer non seulement une forte polémique mais même des menaces de violence voire de mort dans une société aussi développée que les Etats-Unis, porte-drapeau du libéralisme et du progrès social dans le monde. C’est à croire que le monde d’aujourd’hui est menacé par les ayatollahs de tous bords, et qui ne sont pas toujours là où l’on pense.
Par Mohsen Redissi *
La garde très rapprochée du président Biden est accusée de trahison. La représentante Marjorie Taylor Greene du parti Républicain, dans son tweet, pointe clairement le doigt accusateur la fraîchement nommée attachée de presse de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. Des menaces potentielles pèsent sur le quartier général de la Cour suprême, ses juges et son personnel.
Les pros avortement comptent incendier la Cour. Les juges qui ont voté pour l’annulation de Roe c. Wade sont dans la ligne de mire des brigades fondamentalistes qui veulent rester libres de disposer de leurs gamètes.
Une défaillance flagrante dans la sécurité
La note du département de la Sécurité intérieure, supposée être confidentielle, a fait la Une de CNN. Information reprise par les médias alors que les membres du Congrès ignorent jusqu’à son existence. Une défaillance flagrante dans la sécurité, dans la hiérarchie et dans la chaîne de commandement.
Ce n’est plus un secret pour personne, pour la représentante Greene l’attachée de presse de la Maison blanche a une liaison avec le correspondant de CNN. Est-elle en possession de preuve irréfutable qui incombe la responsabilité du couple? Ou prêche-t-elle le faux pour avoir le vrai?
Les récents événements sont étroitement liés au projet d’avis accouché par le juge de la Cour suprême Samuel Alito. Projet rendu public avant sa publication officielle par la Cour prévue au milieu de juin. Un jugement mort-né, l’avis annule le droit à l’avortement, Roe c. Wade, décision historique de 1973; le quatorzième amendement qui garantit le droit des femmes de rester maîtresses de leur matrice, garder le fœtus ou se faire avorter partout dans le pays. Ce revirement a alimenté le sentiment de restriction autour du droit à la vie privée. Les pros et les antis avortement s’affrontent par manifestations interposées; ils sont mêmes disposés à user de la force et passer aux actions violentes s’il le faut. L’enjeu est de taille pour les uns et les autres.
Menaces d’expéditions punitives contre les juges
D’après la note du département de la Sécurité intérieure, des extrémistes domestiques violents, Domestic Violent Extremists, liés aux supporters à l’avortement sont soupçonnés de fomenter des expéditions punitives contre la haute instance judiciaire. Ils considèrent qu’ils sont victimes d’une erreur d’appréciation. La restriction de l’accès à l’avortement alimente leur fureur. Les centres anti-avortement, le corps médical et le personnel soignant sont aussi des cibles potentielles.
La justice va-elle prendre les devants et lancer des mandats d’arrêt avant que le pire n’éclate? Les juges de la Cour suprême seront-ils intimidés par les manifestants de l’avortement? Essayeront-ils de changer leur avis pour calmer les ardeurs des pros avortement? Le jugement final est dans deux semaines. Beaucoup d’encre et de salive couleront encore. Epargnons-nous l’effusion de sang !
* Haut fonctionnaire à la retraite.
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