Tunisie : A chaque dictateur, ses «khammes» !

Après avoir longtemps gardé le silence pour se faire oublier, le Parti des Verts pour le Progrès (PVP), qui faisait partie des formations d’«opposition de décor» sous le règne de Ben Ali et qui émargeait directement sur les largesses du palais de Carthage, tente aujourd’hui de reprendre du service avec l’avènement d’un nouvel autocrate : le président de la république Kaïs Saïed.

Enfin sorti de son mutisme, le secrétaire général du PVP, Mongi Khammassi, a fait une déclaration aujourd’hui, mercredi 14 juillet 2022, à Mosaïque FM, pour, vous l’avez deviné, appeler à voter «oui» au projet de constitution présenté par le président Saïed au référendum du 25 juillet.

Le contraire nous aurait étonnés : les «khammes», métayers recevant le cinquième des revenus du domaine qu’ils cultivent, ne savent pas dire non.

M. Khammassi a ajouté que les «structures de son parti» (sic !) – lesquelles se résument sans doute à sa petite personne – avaient décidé de voter «oui», après s’être réunies pour discuter du projet de constitution et déterminer leur position à son sujet. Ils se sont réunis quand et où ? Mystère et boule de gomme !

M. Khammassi a, par ailleurs, estimé que certains articles du projet de constitution proposé par le président Saïed sont rassurants, à l’instar de l’article 18, qui appelle à mettre tous les moyens juridiques et matériels à la disposition des chômeurs pour combattre le chômage.

En outre, estime-t-il, le projet de constitution stipule que l’Etat garantit la liberté des médias, les moyens nécessaires à la recherche scientifique, à la protection de l’environnement et à la préservation de l’équilibre écologique, et notamment des ressources en eau.

Pour rafraîchir la mémoire à M. Khammassi, on reproduit ci-dessous une dépêche publiée en 2005 par l’agence Tap, suite à la rencontre du secrétaire général du PVP, avec l’ancien président Ben Ali.

Lisez, c’est très édifiant…

«Dans le cadre de l’écoute aux partis politiques et aux composantes de la société civile, le Président Zine El Abidine Ben Ali a reçu, hier, M. Mongi Khamassi, secrétaire général du Parti des Verts pour le Progrès (PVP), qui a déclaré avoir transmis au Chef de l’Etat les sentiments de considération, au nom du bureau politique, des militants et des militantes du PVP dans les régions, et leur disposition inconditionnelle, à travailler, côte à côte avec l’ensemble des partis, organisations et associations nationales ainsi que les diverses structures concernées, en vue de contribuer au devoir d’encadrement des jeunes, de se rapprocher davantage des citoyens, d’être à l’écoute de leurs préoccupations et de leurs aspirations, ainsi qu’à la consolidation des fondements et des attributs de l’expérience pluraliste et démocratique du pays.
M. Mongi Khammassi a indiqué que le Chef de l’Etat a souligné, à cette occasion, l’importance qu’il accorde au dialogue, et à la participation de toutes les composantes de la société civile et des compétences nationales dans les différents domaines, afin de garantir à notre pays les attributs du développement et de la prospérité. Le secrétaire général du PVP a déclaré en conclusion 
: ‘‘Nous condamnons la violence sous toutes ses formes et les agissements extrémistes et criminels, en coordination avec des parties étrangères faisant de certains pays d’immigration un repaire à leurs vils manœuvres qui ne servent en rien le pays ou le peuple’’».

Les «extrémistes et criminels» dont parlait M. Khammassi c’étaient, vous l’avez compris, les opposants à l’ancien dictateur.

Comme quoi, les dictateurs agissent comme un aimant qui attire les opportunistes de tous bords…

I. B.   

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