Le poème du dimanche : «D’autres couleurs» de Souf Abid 

Né le 7 août 1952 à Ghomrassen, dans le sud tunisien, Souf Abid compte parmi les meilleurs poètes tunisiens vivants. Titulaire d’un doctorat de langue et de littérature arabe de la Faculté des lettres de Tunis, il a longtemps enseigné tout en poursuivant une œuvre poétique riche.

Il fait partie de cette génération de poètes qui sont entrés dans la poésie au nom de la pureté linguistique et pour prouver que les approches symbolistes étaient l’essence même de la poésie.

Taoufik Baccar et Salah Garmadi, ses professeurs à l’université, ont donné un coup de pouce à ce jeune poète en le faisant figurer dans leur anthologie «Ecrivains de Tunisie», traduite en français, qui le révéla au public francophone.

Parmi ses recueils de poèmes, dont certains ont été traduits dans d’autres langues, on citera : La terre a soif, 1980, Fleur de sel, 1984, La femme mosaïque, 1985, La rouille de l’âme, 1989, Une aile hors de la nuée, 1995, Unique source pour de nombreux rivages, 1998, Une seule vie ne suffit pas, 2004, ou encore L’incendiaire des mers, 2014.

tu parais

et les fleurs d’amandier s’ouvrent au printemps

le verre a un regard tout blanc

tu parais

et les choses dansent dans ma pulsation

nous nous rencontrons

et les maisons de notre rue prennent une  teinte de gris-cendre

le soleil par-dessus les terrasses essuie la nuit

le vieil homme de la mosquée récite ses prières du matin

et les gosses du voisin taquineront notre âne

ensemble nous marchons

et les chiens veulent nous égarer

sans peine sans lassitude

les couleurs prennent d’autres couleurs

et lorsqu’ensemble nous revenons

le car du village est déjà de retour

et déjà le vieil homme de la mosquée

fait résonner sa canne sur les marches du minaret

Traduit de l’arabe par Salah Garmadi

 

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