Son appel au rassemblement de l’opposition autour d’une charte citoyenne commune n’ayant reçu aucune réponse de la part des concernés, la présidente du Parti constitutionnel libre (PDL), Abir Moussi, semble s’être résignée à poursuivre seule et séparément son combat contre la dérive autoritaire du président de la république Kaïs Saïed.
C’est ainsi qu’elle a déclaré, lundi 22 août 2022, que l’entrée en vigueur de la nouvelle constitution «met fin à la légitimité de Kaïs Saïed en tant que président de la république» et que ce dernier doit appeler à des élections présidentielles anticipées.
La présidente du PDL, qui parlait lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation des positions de son parti après la promulgation de la nouvelle constitution, qualifiant le référendum constitutionnel du 25 juillet de «fraude majeure» et d’«atteinte à la souveraineté du peuple», a expliqué que les dispositions transitoires de cette constitution stipulent que les dispositions du décret n° 117 du 22 septembre 2021 (en vertu desquelles M. Saïed a accaparé tous les pouvoirs, Ndlr) ne restent en vigueur que pour ce qui concerne l’aspect législatif. Par conséquent, tout ce qui concerne la gestion des affaires de l’État, la désignation du gouvernement et le pouvoir exécutif en général prend fin avec le décret 117.
Aussi, et en vertu de l’article 92 de la nouvelle constitution, M. Saïed cesse d’être un président élu de la république tunisienne, car le serment qu’il a prêté lors de son élection en 2019 est en violation flagrante du serment stipulé dans la nouvelle constitution, outre l’absence d’institutions devant lesquelles il peut prêter serment.
Mme Moussi a souligné que son parti a envoyé un huissier de justice à la présidence de la république pour appeler le chef de l’Etat à déclarer la vacance à la tête du pouvoir et appeler à l’organisation d’élections présidentielles anticipées.
Elle a également estimé que le gouvernement actuel et tout gouvernement nommé est considéré comme intérimaire.
La présidente du PDL a, par ailleurs, expliqué qu’il est pas raisonnable que le président de la république promulgue une loi électorale et fixe lui-même les règles du jeu conformément à ses intérêts, ou qu’il d’exclut de la course son principal concurrent, en référence à son parti, donné premier par tous les sondages en termes d’intentions de vote pour les législatives.
En fait, Mme Moussi soupçonne le président Saïed de vouloir inscrire dans la nouvelle loi électorale un article qui exclut son parti de la course par la force de la loi, comme le faisait Zine El Abidine Ben Ali avec ses opposants.
Mme Moussi a, par ailleurs, déploré le fait que la date des élections législatives anticipées ne soit pas encore fixée légalement, celle du 17 décembre prochain étant encore au niveau de la simple déclaration verbale.
Tout en confirmant que le parti a fixé un délai de 72 heures au président pour répondre à ses demandes, Mme Moussi a ajouté, qu’en cas d’absence de réponse, le PDL lancera des mouvements de protestation et déposera un recours auprès des instances internationales pour dénoncer tous les abus signalés, tout en expliquant que l’ingérence étrangère dans les affaires de la Tunisie que déplore le président Saïed est la conséquence de la faiblesse de l’État.
I. B.
Donnez votre avis